Thursday, January 21, 2010

Citation du 22 janvier 2010

Il ne faut pas regarder quel bien nous fait un ami, mais seulement le désir qu'il a de nous en faire.

Madame de Sablé – Maximes

Alors, pour madame de Sablé, un ami est quelqu’un qui, croyant nous faire du bien, n’y arrive pas ? Et cela si souvent qu’il faille donner comme maxime de ne considérer que l’intention de nos amis, et non le résultat de leurs tentatives ?

Autant dire que le XVIIème siècle est vraiment le siècle des misanthropes. La Rochefoucauld en témoigne ; et Alceste est son héros emblématique… (1)

Mais on pourrait tenter une autre lecture de la maxime de la marquise de Sablé : ne cherchons pas l’amitié comme une source de profit. L’avantage que nous tirons de nos amis ce n’est pas en terme de richesse matérielle qu’il faut l’évaluer, mais mesurons-le plutôt au souci qu’ils ont de notre bien.Vu comme ça, ça marche.

Une autre réflexion s’impose à notre esprit : c’est qu’on pourrait très bien se passer d’amis dès lors que nous cherchons simplement ce qui nous est avantageux. Par exemple, il vaut mieux avoir un bon médecin qu’un ami qui s’inquiète de notre santé – parce qu’il ne fera rien d’utile pour nous conseiller. Et même, si nos amis sont nos compagnons de débauche ou de beuverie, alors il est certain que notre santé pâtit de leur amitié et que dans ce cas, ne pas avoir d’amis serait bien plus profitable.

Il faut donc ajouter à la Maxime de madame de Sablé ceci : en amitié, considérons aussi le désir éclairé de nous faire du bien.

D’où cette conséquence : choisissez vos amis non seulement pour l’affection qu’ils vous portent mais aussi pour leur perspicacité psychologique. Parce que, ce que vous pouvez leur demander, c’est non seulement qu’ils vous soient affectionnés, mais encore qu’ils vous soient de bon conseil.

Mais je dis des bêtises : un ami, ça ne se choisit pas.(2)


(1) Il est vrai qu’elle s’était retirée au couvent de Port-Royal (= chez les Jansénistes).

(2) Il est vrai que dans un Post précédent je signalais une opinion contraire (On ne choisit pas sa famille mais on choisit ses amis). Certes, mais sur quoi porte donc le choix ? A mon avis les amis sont des gens qui « s’imposent » à nous : sans que nous les ayons élus, ils sont là. Ils sont amis et c’est une inexplicable évidence – Parce que c’était lui, parce que c’était moi…. Tout ce qu’on peux dire c’est que, si nous avions eu à choisir nos amis, ce sont eux qu’on aurait choisi (un peu comme Ulysse ramasse le destin de sa vie future, le seul qui reste disponible et part heureux en disant : « Si j’avais eu à choisir, c’est celui-là que j’aurais pris. »)

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