Sunday, February 12, 2012

Citation du 13 février 2012

L'an dernier j'étais encore un peu prétentieux, cette année je suis parfait.

Frédéric Dard alias San Antonio

La fausse modestie est le dernier raffinement de la vanité.

La Bruyère – Les Caractères

Il y a des situations qui sont contradictoires en soi. C’est le cas lorsqu’on s’accorde une qualité véritable, mais qu’on ne peut s’attribuer sans montrer du même coup qu’on ne la possède pas. C’est le cas de la modestie qu’on ne saurait se décerner sans faire preuve du même coup d’une certaine prétention. La fausse modestie est, comme le dit La Bruyère, le dernier raffinement de la vanité.

La fausse modestie… Bon. Mais alors et la vraie ? En quoi consiste-t-elle ?

Partons de la fausse modestie, qui consiste à refuser de s’attribuer des mérites très évidents, à les minimiser ou à en attribuer l’origine à d’autres – voire même à la chance – pour le plaisir d’entendre les autres nous les attribuer.

En en déduira que la vraie modestie consisterait à se reconnaitre les mérites qu’on ne peut cacher, tout en évitant d’en tirer gloire.

La modestie suppose donc toujours une attitude vis-à-vis d’autrui, dont on suppose non seulement la présence, mais aussi la réaction. Plus je m’accorde de réussite, plus les autres sont obligés de me reconnaitre des mérites. La véritable modestie consisterait peut-être même à taire nos réussites, et quand on ne pourrait plus les cacher à s’en remettre aux autres pour les évaluer.

La modestie n’est donc pas une qualité qu’on peut posséder tout seul : si nous étions comme l’ermite, nous ne saurions (sauf à nous dédoubler) être ni modeste, ni immodeste.

Que nous resterait-il ? Simplement l’évaluation objective de nos actes, indépendamment de la fierté ou de la honte de les avoir accomplis.

Comme le sportif qui ne s’en remet qu’au chronomètre pour évaluer ses performances.

7 comments:

Anonymous said...

"La fausse modestie, c'est mieux que pas de modestie du tout."
Jules RENARD

Anonymous said...

Il y a de l’orgueil dans la modestie.

Et pour le plaisir, ce dialogue de « La folie des grandeurs ».

Don Salluste : Et maintenant Blase, flattez moi !
Blase : Monseigneur est le plus grand de tous les grands d'Espagne
Don Salluste : C'est pas une flatterie, c'est vrai !! ALORS ??

Don Salluste : Êtes vous bien sur que c'est une flatterie ça ?
Blase : J'avais pensé à autre chose, mais j'ose pas !
Don Salluste : Allez Osez , osez , mmm ?
Blase : Monseigneur est beau
Don Salluste : Est ce que vous pensez vraiment ce que vous dites ?
Blase : Ben, je flatte !
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Au fait rien à voir, mais avez-vous vu le film "Intouchables" et si oui, votre sentiment .

F' (STILI)

FRANKIE PAIN said...

l'acteur ce qu'il a crée avant le point de tous les corps de métier,
l'écrivain après ses einiémes correction
le chef d’orchestre après avoir entendu tout son concert

je vous embrasse jean pierre
j'ai beaucoup aime votre propos à partir de l'odeur de l'autre que l'on aime ou pas

Jean-Pierre Hamel said...

"La fausse modestie, c'est mieux que pas de modestie du tout."
- C'est mieux, oui, mais c'est quand même un mensonge. Celui qui se montre dans toute sa prétention et son orgueil se montre tel qu'il est : c'est peut-être mieux.
Le fausse modestie a juste la qualité de rendre la compagnie de cet individu plus confortable, même s'il nous manipule en secret.
Bon ; c'est toujours ça.

Jean-Pierre Hamel said...

- Il y a de l’orgueil dans la modestie.

Oui, et c'est même ça qui peut la rendre contradictoire.

- Don Salluste : Est ce que vous pensez vraiment ce que vous dites ?
Blase : Ben, je flatte !

Là, on pointe l'excès du compliment qui n'a pour but que de hausser les qualités au dessus de la réalité, pour le plaisir.
C'est là que la flatterie devient de la flagornerie.

- Le film Intouchable :
Je dirai simplement que pour moi c'est un film tout public, je veux dire qui a de quoi plaire - et peut-être même rendre heureux - tous les publics quelle que soit la place que chacun occupe dans la société.
De tels spectacles sont rares.

Jean-Pierre Hamel said...

l'écrivain après ses einiémes correction

- Je ne suis pas vraiment un écrivain, mais je connais ces longues séances de correction du manuscrit.
Mais, j'ai une chance extraordinaire : c'est qu'il y a un moment où je sens que c'est fini, c'est dit, et qu'une correction de plus serait une correction de trop.
Mais peut-être est-ce un excès d'orgueil (et ça : est-ce une fausse modestie de ma part ?)

FRANKIE PAIN said...

une correction de trop ce n'est pas un exces d'orgueil c'est là !