Sunday, February 26, 2012

Citation du 27 février 2012

L'homme est le seul animal qui accepte de mourir pourvu qu'il en tire un plaisir (stupéfiants, alcool, etc.).

Boris Vian

Incroyable le nombre de philosophes qui se sont décarcassés pour découvrir la caractéristique qui permettrait de distinguer l’homme de l’animal (ce qu’Aristote appelait « la différence spécifique ») : la parole, le rire, l’âme, les échanges économiques, tout y est passé…

Tout ? Non pas, car voici encore une autre différence peut-être la plus significative : l'homme est le seul animal qui accepte de mourir pourvu qu'il en tire un plaisir. Autrement dit, on empile deux caractères spécifiques l’un sur l’autre : le premier, l’homme se sait mortel (1) et, deuxièmement il veut jouir sans entraves. Qu’importe donc que le plaisir menace notre survie : l’homme est le seul être au monde capable de dire : « Plutôt mourir que vivre une vie sans jouissance ».

Comment vérifier une pareille assertion ? Peut-on faire le tour de tous les cas, de toutes les époques, de tous les hommes ?

--> On peut au moins la tester sur l’exception : si il y au moins un cas où elle ne se vérifie pas, un cas où l’irrésistible attraction du plaisir ne joue pas, alors notre affirmation qui prétend valoir pour « tous » les cas est fausse.

Et donc : que dire de saint Antoine ? Le pauvre (futur) saint au fond de son désert est assailli de visions licencieuse qui devraient rendre fou de désir notre ermite. Mais il résiste comme nous déjà l’avons vu (2), comme si le plaisir que lui promet le démon ne pouvait avoir de prise sur lui.

Il y aurait donc au moins un homme qui résisterait au plaisir ? Et qui plus est un saint homme qui réalise en lui la quintessence de l’humain – de sorte que l’homme qui résiste au plaisir serait l’homme le plus parfaitement humain ?

Peut-être…

Mais, il y en a qui froncent le sourcil. Des gens qui disent avec Pascal, n’est-ce pas, qui veut faire l’ange fait la bête. Et donc que notre ermite, si ça se trouve, ne refuse le plaisir de la chair que parce qu’il trouve de quoi jouir mille fois plus avec les souffrances qu’il s’inflige.

Une bête ? Peut-être seulement un pervers.

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(1) Ici même, une récente discussion nous permis d’apprendre qu’il partage néanmoins ce pouvoir avec le cochon.

(2) Voir le tableau de Félicien Rops, ici.

2 comments:

FRANKIE PAIN said...

vous attaquez puissamment votre semaine. Il m'est difficile d'y participer , c'est parfait.

je vous souhaite une belle journée

FRANKIE PAIN said...

ne vous censurez pas mon cher jean pierre , j'aime comme vous vous exprimez sur mon blog, nous avons besoin de vous comme lecteurs! et en commentateurs je vous embrasse