Monday, February 27, 2012

Citation du 28 février 2012

L'univers sonore: onomatopée de l'indicible, énigme déployée, infini perçu, et insaisissable. ... Lorsqu'on vient d'en éprouver la séduction, on ne forme plus que le projet de se faire embaumer dans un soupir.

Cioran – Syllogismes de l'amertume (1952)

Se faire embaumer dans un soupir : belle formule, n’est-ce pas ? Et qui emporte l’esprit dans des songes qui vont bien au-delà de la joie ou de la peine.

Pour moi, imposer un sens précis à une formule poétique, c’est à la fois la rétrécir et prendre l’insupportable posture en surplomb de celui qui sait, du maître du sens. Une sorte de psychanalyste de la muse.

Je ne mange pas de ce pain (sémantique) là – je vous laisse rêver encore un peu.

Par contre, le début de la citation peut exciter les neurones du philosophe : L'univers sonore: onomatopée de l'indicible.

Déjà, l’univers sonore n’est pas forcément celui du langage. La musique et tous les sons la nature – le chant des oiseaux comme le brame du cerf, ou même le ressac de la mer – rentrent dans cette catégorie.

Néanmoins, on nous dit que ces sons sont des onomatopées, donc des signes qui ont une signification naturelle – sauf qu’on ne peut rien dire, justement parce que ce sens est indicible.

Voilà déjà un acquis : il y a du sens ailleurs que dans l’univers du langage.

Oui, mais : de quoi y a-t-il sens ? Quelle est cette énigme ?

--> C’est l’énigme [de] l’infini, celle que l’on déploie devant nous, mais qu’en même temps on nous dérobe. Comme si on nous montrait une porte uniquement pour pouvoir nous en interdire l’accès. (1)

Mais faut-il donc que ce « sens-indicible » soit dans l’univers sonore ? L’univers visuel, l’univers olfactifs, celui du tact (du contact) – bref, tous ces univers ne sont-ils pas autant d’entrées dans cette énigme ? Ne faudrait-il pas imaginer que tous ces univers n’en font qu’un et que, s’ils sont énigmatiques, c’est bien parce qu’on les a séparés les uns des autres ?

Peut-être. En tout cas, il y a un qui a su déchiffre l’énigme de l’univers sonore : c’est Siegfried (de Wagner), qui obtient le pouvoir de déchiffrer le chant des oiseaux de la forêt (2).

Simplement, pour y arriver, il faut lécher le sang du dragon.

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(1) Un peu comme la loi chez Kafka. On peut lire ce texte ici.

(2) Siegfried, acte II, scène 2

7 comments:

Anonymous said...

Beau texte de Kafka. Merci :-)

F'(WILLAIN)

FRANKIE PAIN said...

très beau billet ou poésie efface le philosophe maus ou il s'imice c'est vraiment très bien réussi et palpitant beaucoup de délicatesse et de subtilité ,de la part d'un philosophe je trouve cela vraiment très très bien, j'en connais qui n'ont pas votre grâce merci d'être avec nous. je vous embrasse

Jean-Pierre Hamel said...

"j'en connais qui n'ont pas votre grâce"

Moi aussi, j'en connais, c'est même pour cela que j'ai très peu de philosophes parmi mes amis.
En tout cas, votre compliment me va droit au cœur.

FRANKIE PAIN said...

je suis ravie que vous l'avez bien pris, car je les sais assez susceptible, et parfois tellement à l'ouest de ce qu'ils disent. j'ai vécu avec un philosophe et il me disait parfois mais ma chérie la philosophie ne change pas l'être sauf s'il associe à une plus grande culture, un amour des êtres et en plus fait une psychanalyse.Lui était un philosophe très nihiliste qui a fini sa carrière de philosophe en ambassadeur, le Viet-nam , La Syrie


super

Anonymous said...

DEPART.



Des mots - NON-

des cris de joie et de peine -tout le reste n’est que réverbération de l’ECHO…-

ces cris qui raisonnent encore et parfois des années plus tard, déformés – le temps déforme TOUT-

et ces nouveaux cris que l’on découvre au fil des jours – dont on ne soupçonne pas même l’EXISTENCE-

des cris que l’on voudrait pousser -que l’on garde comme SECRET-

des cris que l’on voudrait étouffer -sur une BOUCHE ou un OREILLER-

ces cris qui remplissent l’espace -de nos MONDES-

ces cris d’amour, ces chants et prières -pour s’adonner à l’EXALTATION-

ces cris à peine audibles - à DEVINER-

ces cris à inventer - comme REPONSES-

ces cris à provoquer - pour SOULAGER ou pour le BIEN-

ces cris à bâillonner … - ceux du MAL-

ces cris qui se sont tus - ceux de l’ABANDON et de l’ABSENCE-



tous ces cris enfantent… les mots -OUI-

tous ces cris qui enfantent… les mots - et se terminent par SILENCE-.





DEPART.



NON, ECHO, TOUT, EXISTENCE, SECRET, BOUCHE, OREILLER,

MONDES, EXALTATION, DEVINER, REPONSES,

SOULAGER, BIEN, MAL, ABANDON,

ABSENCE, OUI,

SILENCE.
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Des cris, mieux que des mots...

Bonne journée, si douce ici en ce premier mars FIN

F'(AFTYPTI)

Jean-Pierre Hamel said...

Des mots - NON- des cris

-Au début était le cri…
Le cri primal sans doute ?
En tout cas, si on dérive le langage – donc le mot – du cri, on lui donne une origine affective et subjective.

« Des cris, mieux que des mots... »
- Adam n’a pas commencé par le cri, mais par le mot, puisqu’il s’en est servi pour dénommer tout ce dont il prenait possession. Le cri, lui n’est pas appropriation

« -tout le reste n’est que réverbération de l’ECHO… »
- J’imagine que lorsque je crie, l’écho me renvoit des mots.
Belle idée…

Merci pour de votre texte
J-P

Anonymous said...

Jean-Pierre,

J'aurais bien aimé répondre à Frankie sur le monde des fées qui m'est si cher... trop de contraintes: faut décliner toute son identité, DONNER des mails amis- moi, donner des noms... ?!!! -

Si elle veut j'ai un lien et une belle histoire: celle de la Dame de Joux, dont je suis allée visiter le château cet été dernier...

fany@yotei.fr

Mais pour en revenir à nos moutons, ADAM, m'a été expliqué par un BON curé- qui ne voulait pas que je traverse la nationale pour aller au caté-chisme et qui m'a absout de tous mes péchés de petite fille et m'a expliqué comment l'on expliquait aux peuples l'improbable de toutes les religions.C'était sans doute la première fois que qq'un comprenait,en plus, il avait une bonne...- m'en voulait pas perso- c'est dire ;-)

Très bonne soirée

F'(YETHEIR)