Thursday, July 04, 2013

Citation du 5 juillet 2013



La beauté des femmes apparait comme l’équivalent de la puissance sociale de ceux qui réussissent à les conquérir. […] Elles deviennent leur phallus social.
Marcela Iacub – L’habit ne fait pas la femme (Rubrique A contresens – Libé du 29-30 juin 2013 p. XIX)

De la beauté chez la femme – III
Tiens ? Revoilà notre charcutière-chef ? La spécialiste du Cochon dont nous avons évoqué l’œuvre récemment ?
Oui, c’est bien elle. Et elle a un message à nous transmettre à propos de la beauté féminine  – sujet qui  nous préoccupe depuis deux jours.
Pourquoi les belles femmes sont-elles si recherchées par les hommes ? Réponse de Marcela Iacub : parce que depuis que ceux-ci ont renoncé à exhiber (symboliquement) leur phallus par une « énorme braguette ornée de pierres précieuses », il leur faut une preuve visible de leur puissance virile en la personne de ces femmes. (1)
C’est ainsi que (toujours selon notre auteur) par-delà la beauté féminine, le dimorphisme sexué est un signe de l’asservissement des femmes au désir de pouvoir des hommes. (2)
Et de dire que les progrès de la chirurgie et de la médecine sont tels qu’on peut modifier à volonté l’aspect de notre corps et que si les femmes se font refaire les seins, les fesses, les bas-joues etc. (3) c’est pour devenir ce morceau de l’orgueil mâle qu’on aime exhiber dans les cocktails comme les vaches au Salon de l’agriculture. 
 Si l’homme est un cochon, la femme est une vache : laissons de côté l’admiration que suscite l’habileté de Marcela Iacub, capable de filer si aisément la métaphore animalière, et retenons plutôt que selon elle, si le bistouri peut exagérer ce dimorphisme en fonction des désirs et des standards culturels, il pourrait tout aussi bien l’effacer. Supprimer les seins, rembourrer les biceps, couper tout ce qui dépasse…
Quelle tristesse d’imaginer les rues peuplées de gens tous identiques, porteurs des mêmes attributs sexués, et dont on saurait à l’avance ce que cachent leurs vêtements…
… Mais non ! Marcela Iacub dont l’imagination est toujours aussi inépuisable nous explique qu’on pourrait alors, si le désir était libéré et non asservi à des enjeux de pouvoir machiste, demander bien autre chose aux chirurgiens – Voici, toujours selon Marcela, quels vœux nous devrions leurs adresser :
« Si les chirurgiens inventaient des appendices qu’ils poseraient sur le crâne ou dans les doigts pour produire des émoustillements. Si, grâce à leurs inventions on pouvait éjaculer par le nez ou par les yeux. Si en contemplant quelqu’un on ne savait pas nécessairement comment l’envisager pour lui donner du plaisir et pour en  prendre. Si les modistes proposaient des tenues débarrassées du carcan de l’homme et de la femme... » (Id. p XIX)
Camarade féministe, encore un effort pour accomplir la Révolution sexuelle !
-----------------------------------------------
(1) Nous avions autrefois disserté sur ces énormes braguettes grâce à Panurge qui, dans le Tiers livre, en fait un élément essentiel de l’armure de combat. L’image ci-dessus représente Henry VIII
(2) Les femmes ne sont pas asservies simplement au désir des hommes, mais à leur désir de pouvoir : et revoilà les phallocrates, nom aujourd’hui rayé du vocabulaire, mais dont l’idée reste présente…
(3) On va même aujourd’hui jusqu’à retoucher les vulves mal fichues. (Sur la nymphoplastie, voir ce site)

No comments: