Monday, October 21, 2013

Citation du 22 octobre 2013



 On s'étonne du succès de la médiocrité ; on a tort. La médiocrité n'est pas forte par ce qu'elle est en elle-même, mais par les médiocrités qu'elle représente ; et dans ce sens sa puissance est formidable. Plus l'homme au pouvoir est petit, plus il convient à toutes les petitesses.
Chateaubriand – Pensées, réflexions et maximes

II – Médiocrité et démocratie
Chateaubriand n’est pas réputé pour avoir de son temps soutenu la république ni la démocratie. Mais son jugement politique a été si souvent pertinent qu’on ne peut passer à côté de sa remarque : dans les démocraties, la médiocrité des dirigeants est une condition du succès politique, car c’est comme ça qu’ils peuvent refléter l’inévitable médiocrité des électeurs.
En effet, la majorité est médiocre en ce sens qu’elle est nécessairement moyenne (1), qu’elle n’est jamais exceptionnelle, ainsi que le montre la distribution « en cloche », dite aussi courbe de Gauss :


Résumons : si nous vivons dans une véritable démocratie, alors nous avons nécessairement élu un chef d’Etat médiocre, comme la majorité des électeurs. Petit par la taille au point de devoir porter des talonnettes ; petit par sa pusillanimité, au point d’être comparé à un dessert lacté, gélifié et tremblotant.
Facile… Trop facile ! Chateaubriand n’avait pas l’expérience de la démocratie et il avait de surcroit des préjugés monarchistes.
            1 – Il ne savait sans doute pas que, dans les démocraties, les plus forts ont l’habitude, pour se faire élire, de prendre le masque du gentil et du médiocre, un peu comme le Grand Méchant Loup qui se dissimule sous la peau de mouton.
            2 – Et surtout, il ignore (ce que pourtant il aurait dû savoir, lui qui vécut dans toute son intensité l’épopée napoléonienne) que le peuple cherche un chef à admirer. Le peuple est comme le petit enfant qui admire son père protecteur : il cherche un homme dont la force (on dirait aujourd’hui : le charisme) lui garantit qu’il saura le protéger des menaces du monde extérieur.
C’est parce qu’il est médiocre que le peuple veut élire un chef fort : c’est la leçon qu’ont bien comprises les partis populistes.
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(1) Nous prenons bien entendu le terme médiocrité au sens de ce qui est moyen (cf Post du 17 octobre 2013)

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