Friday, August 06, 2010

Citation du 7 août 2010

Mars, Vénus, Saturne, ce qui m'étonne ce n'est pas qu'on ait découvert tous ces astres lointains, c'est qu'on connaisse leur nom.

Jean Nohain (1)

Où est-ce qu’il a piqué ça, Jean Nohain ? A son petit neveu qui a 3 ans ? Parce que, n’est-ce pas, c’est à coup sûr un mot d’enfant.

A moins qu’il n’y ait une sagesse qui perce sous cette naïve remarque.

Non pas qu’on croie que les mots et les choses soient nés en même temps, ni que les mots disent quelque chose des choses (adhérence du signifié au signifiant).

Mais plutôt je ressens comme un vieil animisme là dedans, une idée que les astres sont des êtres vivants et que leur nom fait partie de leur nature : connaître le nom de « Vénus », c’est comme de pouvoir en compter les cratères. Les astres sont alors comme des être humains : ils ne peuvent s’appeler autrement que comme ils le sont, on pourrait même dire que si on le pouvait il faudrait demander à la Lune : « Dis, comment tu t’appelles ? ».

Occasion de parler aussi de cet étonnant effroi de certains parents qui vont avoir un enfant et qui se demandent comment ils vont l’appeler, non pas parce que ça va être important pour lui dans la société, mais parce que le (pré)nom gouverne le caractère.

Etrange superstition ? Certes, mais pas si étrange que ça. Croire que le nom d’un individu fait partie de lui, c’est une croyance quasiment universelle. Par exemple, des ethnologues (Lévi-Strauss je crois en a fait partie) ont été obligés de corrompre par des cadeaux les enfants de la tribu où ils séjournaient pour connaître le nom véritable de leurs parents, parce que ceux-ci, méfiants, leur indiquait toujours un faux nom.

Nommer, c’est donc exercer un pouvoir sur celui que l’on nomme, c’est le ba-ba de la com’, on le voit dans les débats politiques.

Mais c’est aussi, en particulier avec le prénom, avoir une proximité avec celui qu’on nomme, et on sait que les américains utilisent systématiquement ce procédé pour établir la confiance – voire même l’intimité.

Rassurez vous, Jean Nohain : Mars, Vénus, Saturne ne sont que des noms, pas des prénoms.

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(1) Pour les moins de 60 ans rappelons que Jean Nohain après avoir été compositeur de chansons, a fini sa carrière comme réalisateur et animateur d’émissions à succès à la Télévision (naissante) et à la Radio.
Pour donner une idée de ses performances, on peut bien sûr rappeler sa Reine d’un jour, ancêtre de bien des émissions de télé d’aujourd’hui. Mais on peut aussi citer celle-ci (puisée dans Wikipédia) : [Jean Nohain] a plein d'idées originales. Par exemple : aller porter un bonhomme de neige en Nouvelle Calédonie : "Le Grand Voyage de Bonhomme de Neige" (à Nouméa)- ORTF 1ère Chaîne - Noël 1968 - Réalisateur : Max Leclerc.

Hé bien oui : en cet heureux temps on ne parlait pas du bilan-carbone des émissions de télé…

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