Tuesday, August 03, 2010

Citation du 4 août 2010

- "Davantage d'avantages, / Avantagent d'avantage" / Lui dis-je, quand elle revint / Avec ses seins Angevins...

Framboise – Chanson de Boby Lapointe (1)

- [TLF] – Spéc. Les avantages. Les attraits naturels; pop., les seins :

« Je dis que tu dois lui mettre du coton à gauche, elle n'a des « avantages » que d'un côté; demande à Anaïs de te prêter un de ses faux nénés (car la grande Anaïs introduit deux mouchoirs dans les goussets de son corset, et toutes nos moqueries n'ont pu la décider à abandonner ce puéril rembourrage). » COLETTE, Claudine à l'école, 1900, p. 212.

--------------------------------

– Rassurez-vous, chers lecteurs je ne vais pas en remettre une couche avec les « avantages » féminins (encore que la citation de Colette suscite bien des étonnements).

Voyez plutôt le début de notre citation :

« Davantage d'avantages, / Avantagent d'avantage » : nous voici dans la même zone linguistique qu’avec les pochoirs de Miss.Tic : ce sont des formules qui ne prennent leur sens qu’à l’écrit, ce qui veut dire que la parole proférée est grosse de toutes sortes de polysémie – qui produisent de l’ambiguïté, certes, mais pas seulement.

Je crois que c’est Jean-Pierre Brisset qui a le mieux théorisé ce principe : Toutes les idées énoncées avec des sons semblables ont une même origine et se rapportent toutes, dans leur principe, à un même objet. (Jean-Pierre Brisset [voir ici et ]). Ces homophonies sont porteuses de sens, elles sont un moyen parmi d’autres de dépasser le sens convenu des mots pour les forcer à dire quelque chose d’autre – un sens caché. (2)

– Reste encore une autre possibilité : que ces jeux de mots soient un jeux avec les sonorités – je veux dire : non pas avec les signifiés, mais avec les signifiants.

Peut-être en aurait on une idée plus précise avec cette autre chanson de Boby Lapointe Ta Katie t’a quitté. A voir et à écouter ici (époustouflante prestation sur scène).

Comment se fait-il qu’on tienne une telle pratique comme étant un jeu puéril dénué d’intérêt ? Franchement, je ne sais pas exactement comment répondre à cette question, à moins de dire que jouer avec des sons que produit notre bouche comme font les enfants ne peut-être qu’insignifiant. (3)

Mais, quelle arrogance ! Comme si les jeux enfantins n’étaient pas sous-jacents à bien des comportements d’adultes…

(Et je ne pense pas seulement aux doigts qui s’aventurent dans les pots de confiture…)

--------------------------

(1) On trouve cette vidéo extraite du film de François Truffaut Tirez sur le pianiste. On y voit un Boby Lapointe mort de trac, au point que Truffaut sous- titre les paroles de sa chanson de peur qu’on ne comprenne pas ses bredouillements.

(2) On pourrait même dire avec Merleau-Ponty, que le sens que nous produisons résulte essentiellement de cette capacité faire que le signifié déborde son signifiant.

(3) Ceux qui en auront la patience pourront relire ce post.

No comments: