Monday, November 15, 2010

Citation du 16 novembre 2010

Le cri du pauvre monte jusqu'à Dieu mais il n'arrive pas à l'oreille de l'homme.

La Mennais (Félicité de) (1)

La Mennais, prêtre et fondateur de la Congrégation de Saint-Pierre mais aussi ami de Pierre Leroux, est un bon juge de la situation de la pauvreté : seul Dieu sait combien la pauvreté fait souffrir. (2)

De sorte que ce sont les hommes qui sont proches de Dieu qui seuls peuvent à leur tour entendre la plainte de la misère : on reconnait là le précurseur de la démocratie chrétienne qu’il fut.

Et nous : entendons-nous le cri du pauvre ?

Oui, bien sûr, nous l’entendons. Chaque année quand vient le mois de décembre nous entendons ce cri, répercuté par le cling-cling des sébiles de tous les quêteurs qui viennent solliciter nos dons en carillonnant à notre porte.

Toutefois, on pourrait se dire que la charité qui n’entend le cri des indigents qu’un mois sur douze manque singulièrement de sincérité. Oublions-nous que la charité est une vertu théologale ?

Certes. Mais n’oublions pas non plus que nous vivons dans un pays laïc, ce qui veut dire que les soins donnés aux indigents le sont par l’Etat et selon des lois strictement établies. Comme le faisait remarquer Kant, le devoir moral de la charité ne confère aucun droit de l’indigent sur ma bourse, l’Etat étant le seul à avoir l’obligation de le secourir.

Comment se fait-il alors que les collectes de dons soient si abondantes au mois de décembre ? qu’est-ce qui fait qu’on est alors – et alors seulement réceptifs aux cris du pauvre ?

Décembre… Noël… Cadeaux… Abondance, luxe, gaspillages de la fête…

Les pauvres ne nous apparaissent tels que dans le décalage entre eux et nous. Plus nous vivons richement, plus les pauvres sont enfoncés dans leur misère. Mais en même temps ils s’éloignent de nous, et la richesse nous rend sourd à leur lointaine plainte.

Il faut donc que nous soyons riches provisoirement, pour un temps bref, qui ne nous éloigne pas trop de notre voisinage habituel.

En décembre, nous sommes riches pour un mois, et du coup le pauvres sont plus pauvres… pour un mois également.

Le Père Noël ne passera pas en juillet.

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(1) Félicité Robert de La Mennais - A ne pas confondre avec son frère Jean-Marie, également prêtre (voir sa bio ici)

(2) Certains esprits forts diront alors : « Si Dieu connaît la souffrance des pauvres, que ne fait-il le nécessaire pour les secourir ? ». Oui, au fait …

1 comment:

Anonymous said...

Tant de choses dans cette citation...

et dans ce que vous évoquez, ça se bouscule, là, dans mes neurones !

Je me souviens de ce moment là, où, j'étais très pauvre,très jeune aussi, en 1977. Je regardais avec admiration les boutiques, les illuminations dans ma belle ville natale, j'avais 30 francs en poche. Passant à côté d'un clochard - on disait comme ça à l'époque- , je lui donnais 5 francs, sotte que j'étais j'ajoutais " pas pour boire du vin" et là, je m'en suis souvenu toute ma vie de ses mots, il m'a répondu " Pas de problème, mademoiselle, moi, je ne bois que de la bière" ...

Bonne journée !