Thursday, November 25, 2010

Citation du 26 novembre 2010

Les robes des femmes, de tout âge et de tout pays, sont une simple variante de l'éternel lutte entre le désir reconnu de s'habiller et le désir caché de se déshabiller.
Lin Yutang
Goya – La Maja nue – La Maya vêtue (Musée du Prado)
Ce qui embellit le désert c'est qu'il cache un puits quelque part...
Saint-Exupéry – Le petit prince (1)
Courbet – L’origine du monde (Musée d’Orsay) – Terre érotique, peinture d’André Masson destinée à couvrir ce tableau de Courbet
Aujourd’hui, c’est jour de fête et d’abondance ! La Citation du jour vous offre 2 citations et 4 tableaux tout ça pour le même prix !
L’idée était qu’il fallait donner une confirmation à ces citations signalant l’importance du voilement/dévoilement dans le désir.
Il m’a semblé que ces tableaux en étaient la parfaite illustration, puisque tous deux (la Maja nue et l’Origine du monde) étaient primitivement masqués sous un autre tableau qui lui servait de couvercle : la Maya vêtue et Terre érotique de Masson étaient faits tout exprès pour cela. J’ai pensé qu’il était manifeste que ces œuvres avaient moins de valeur exposées – comme elles le sont aujourd’hui – au vu et au su de tout le monde, que lorsqu’elles n’apparaissent qu’après avoir été dévoilées.
Reste juste un petit doute : comme nous l’avions dit grâce à Roland Barthes (voir ici) l’érotisme nécessite une vibration, un aller et retour entre ce qu’on aperçoit et ce qui le cache. Or pour ce qui est de ces tableaux de Goya et de Courbet, rien ne signalait leur présence, puisqu’ils étaient soigneusement dissimulés sous leur tableau-couvercle. Et si celui-ci prenait un sens particulier grâce à ce qui était en-dessous, il n’en reste pas moins que ce sens demeurait caché pour celui qui ignorait justement ce qu’il y avait en-dessous.
Mais après tout ce n’est pas plus mal, car c’est une invitation à imaginer dans les musées que des images licencieuses se cachent sous tous les tableaux, même les plus corrects.
Tenez : moi, j’imagine que la Joconde est en réalité un couvercle qui masque derrière lui un autre tableau – une autre Joconde : voilà qui stimule l’intérêt pour les Musées… (2)
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(1) J’ai conscience qu’en établissant un rapport entre le Petit prince et le tableau licencieux de Courbet je ne vais pas me faire que des amis. Mais après tout, la liberté a toujours un prix et ce n’est pas la payer trop cher que de devoir, pour la gagner, perdre des adorateurs de vaches sacrées.
(2) La Joconde maintenant ! Et hop ! Quelques adorateurs de vache sacrée en moins.

3 comments:

Anonymous said...

c'est bon de rire un vendredi à midi !
merci pour ce bonheur du jour !
sophie (des grigris

Anonymous said...

Bonsoir,

Ben oui, merci pour ces comparatifs... moins on en montre, bonne leçon, mais, il y a des regards qui en disent longs!

Je relisais vos liens, ben, le string des CM, je connais!

J'écris toujours avec des points de suspension, je me pose des questions ( ou, je ne sais pas, ou je laisse la conclusion à mon destinataire... ;-) ). Ces points, qu'en disent les philosophes?

Je plaisante.

Les illustrations sont très importantes.

F.C

Jean-Pierre Hamel said...

« Ces points (de suspension), qu'en disent les philosophes? »
Il n’y a guère de domaine que les philosophes n’aient exploré : le point de suspension fait l’objet de ce post du 3 décembre 2006