Wednesday, December 15, 2010

Citation du 16 décembre 2010

L'amour d'un enfant est un absolu. Il faut y répondre par l'absolu ou par rien du tout. Il n'y a pas de moyen terme.

Hélène Ouvrard – L'Herbe et le varech

Absolu 3

Le monde de l’enfant est-il un monde différent, séparé de celui des adultes, monde auquel ils n’ont pas accès sauf à le retrouver dans l’absolu de l’amour qu’ils leur portent ?

A vrai dire, je ne sais pas si il faut vraiment faire une place à part aux enfants dans le sentiment amoureux. Tout ce que j’ai trouvé à dire concernant l’amour pour les enfants je l’ai écrit ici (je résume): « l’amour d’une mère pour son enfant ne demande rien en retour, alors que l’épouse demande à son mari de l’aimer aussi. » C’est tout et ce n’est pas grand-chose, mais …

Mais ça nous permet au moins de comprendre en quoi l’amour peut être un absolu : quand il exclut l’échange, quand il n’est que fusion, quand les amoureux ne font qu’un. (1)

--> Si l’on ne veut pas s’engager dans des considérations trop métaphysiques, alors il nous reste à dire que la citation de ce jour nous explique pourquoi en amour, moins on en dit - et mieux ça vaut.

Ainsi : toutes les expressions qui ajoutent un déterminant à l’amour – pire encore : quand l’amour a besoin d’une épithète pour se dire (2) – sont en réalité des restrictions par rapport à l’absolu.

Dites à votre amoureux(se) : Je t’aime – Et puis ensuite, ajoutez : Tu sais, je t’aime beaucoup.

Et voyez la tête qu’il(elle) va faire.

On peut généraliser cet exemple à tout sentiment qui nous met en contact avec l’absolu. Ainsi de la beauté : elle est toujours dite à couper le souffle. Ce qui veut dire – entre autre – qu’on ne peut rien en dire. Mais en tout cas, comme pour l’amour, si on veut ajouter un déterminant à la beauté (dire : C’est très beau ; au lieu de : C’est beau), en réalité on retranche au lieu d’ajouter.

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(1) On m’opposera sans doute les androgynes de Platon qui ne découvrent l’amour que quand ils ont été séparés l’un de l’autre, en sorte, dit Platon, que l’amour doive réparer la scission d’un être en deux.

Mais c’est que Platon prend le sentiment amoureux comme l’expérience faite d’un manque, alors que notre auteure parle ici de la plénitude de l’état amoureux.

(2) Mot du jour – Epithète : Littéralement "qui est ajouté". L'épithète est généralement un adjectif qui se joint à un nom ou à un pronom pour le qualifier. (Une grande maison. Un petit garçon. Un homme loquace, etc.). L'épithète se différencie de l'attribut en ce qu'elle n'a pas besoin de liaison verbale.

Comparez : C'est un petit garçon où "petit" est épithète, et Ce garçon est petit où "petit" est attribut.

1 comment:

Anonymous said...

Absolu,

me semble lié à un moment précis, à un événement et dans tous les domaines.

"Ö temps, suspends ton vol, et vous heures propices, suspendez votre cours."
Alphonse de Lamartine