Wednesday, December 08, 2010

Citation du 9 décembre 2010


Toute révélation d'un secret est la faute de celui qui l'a confié.
La Bruyère – Caractères
Quand tu sauras mon crime, et le sort qui m'accable, / Je n'en mourrai pas moins, j'en mourrai plus coupable.
Racine - Phèdre, Acte I, scène 3 (voir ici)
Modernité des classiques 1
La Bruyère et Racine nous parlent aujourd’hui de l’affaire Wikileaks… Allez prétendre après ça que la culture classique ne sert à rien… (1)
1 – Racine souligne un point qui a beaucoup surpris quand on a réalisé que les révélations divulguées par Wikileaks étaient déjà connues de certaines personnes (en nombre certes restreint), mais que ce qui était gênant, c’était que cela soit mis sur la place publique, au vu et au su de tout le monde. Phèdre nous l’a expliqué : le nombre de personnes à connaître une faute la démultiplient d’autant. Mais je n’en dirai pas plus, m’étant déjà épanché sur ce sujet.
2 - Toute révélation d'un secret est la faute de celui qui l'a confié, ajoute La Bruyère. Voilà encore quelque chose qui nous a surpris – pour ne pas dire scandalisés – dans la manière dont nos dirigeants ont réagi à l’affaire qui nous occupe : ils ont tiré à boulet rouge sur l’équipe de Wikileaks, ainsi que sur Bradley Manning, le traitre qui a détourné les messages confidentiels, qui est dénoncé comme le vrai responsable des fuites issues du Pentagone. Autrement dit, que les super-spécialistes de la sécurité des réseaux du Pentagone aient été incapables d’empêcher ces informations de fuiter n’a pas spécialement retenu l’attention des responsables politiques, à commencer par Hillary Clinton.
Heureusement, La Bruyère est là pour nous ramener à l’essentiel : s’il y a bien dans cette affaire des fautes en cascades, la première de toute incombe quand même à ceux qui ont laissé fuir les secrets. Qu’on nous dise ensuite que c’est tel odieux individu qui en soit la cause, ou encore que la technologie Internet soit responsable, c’est de l’ « enfumage » (pour parler la langue de nos brillants politiciens…)
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(1) Ce qui compte avec la culture (classique ou pas) c’est ce n’est pas tant ce qu’on en sait que ce qu’on en fait. Voilà ce qui se révèle dans la diatribe présidentielle anti-Princesse de Clèves : Notre-Président n’a jamais su quelle utilité pourrait avoir pour lui la lecture du chef d’œuvre de madame de La Fayette…

2 comments:

Anonymous said...

Accepter certaines charges, certains honneurs, certaines augmentations – qui nous tombent du ciel- sans se poser de questions fondamentales et surtout le pourquoi est rarement « gratuit ». Il faut des noms, de boucs émissaires à déposer en bas des actions non avouables et qui mettent à l’abri et au-delà des soupçons, ceux qui réfléchissent pour les autres. Cette « affaire » Wikileaks va permettre de faire un tri – de se débarrasser de certaines personnes-, car moi non plus, je ne vois pas comment, elle a pu filtrer.

Une affaire de purge !

FC

Jean-Pierre Hamel said...

« Une affaire de purge ! »

- C’est le mot ! Il y aurait donc des purges « machiaveliennes » plus que « staliniennes »…
Affaire à suivre donc.