Tuesday, April 10, 2012

Citation du 11 avril 2012

Liberté d’indifférence – « Mais peut-être d'autres entendent-ils par indifférence la faculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre de deux contraires, c'est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier. Cette faculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté. Bien plus, j'estime qu'elle s'y trouve »
DESCARTES – Lettre au Père Mesland du 9 février 1645
- Dis donc pour qui tu vas voter, toi ?
- Moi ? Je ne le sais pas encore.
- Je te crois pas ! Tu le sais mais tu veux pas me le dire.
- Et d’abord, pourquoi tu me demandes ça ?
- Mais… c’est tout simple : je ne sais pas pour qui voter ; j’hésite. Un matin je me réveille en me disant : Ça y est, c’est décidé, je vote Sarko. C’est lui le plus couillu.
- Et puis ?
- Et puis, j’entends Bayrou qui lui fait honte en disant qu’il n’a pas de constance dans ses promesses. C’est un Président, qui un jour dit blanc et qui, le lendemain, fait noir : ses mensonges sont la preuve qu’il n’a pas de moralité.
- Bon, alors vote Bayrou.
- Oui mais juste après on diffuse un discours de Mélenchon, qui promet de zigouiller tous les capitalistes et leurs valets centristes avec. Alors je me dis : « C’est sûr, il faut voter Mélenchon », quand j’entends Marine…
- Je vois : tu es comme la balance qui oscille dans le courant d’air : tu penches d’un côté, et puis, au moindre souffle, tu penches de l’autre.
C’est une chance pour toi, tu sais. Tu es libre de choisir ton candidat, libre parce qu’aucune force ne te contraint à l’avance à voter de telle façon. Par contre, si tu étais irrévocablement décidé, tu serais comme la pierre qui roule sur la pente : alors tu ne serais plus libre. Tu sais, Descartes disait bien que l’indifférence par indécision c’est un degré inférieur de liberté, mais que c’est de la liberté quand même.
- Alors, si j’ai bien compris, toi : tu es comme moi ?
- Oui et non. Car moi, je penche pour Jean-Luc Mélenchon, ça c’est tout à fait sûr.
- Mais alors, pourquoi tu me dis que tu ne sais pas pour qui tu vas voter ?
- Parce que pour rester libre, je dois pouvoir choisir en toute liberté, sans y être contraint par quelque tendance que ce soit. Pour ça je dois me retenir de poursuivre un bien clairement connu, puisque j’affirme par-là mon libre arbitre.
Il me faut donc faire comme si, jusqu’au dernier moment, je pouvais choisir quelqu’un qui ne s’impose pas à moi. Par exemple, justement Bayrou, ou Marine.
Ça vois-tu c’est la seconde forme de liberté d’indifférence selon Descartes. Et elle est supérieure à la tienne.
- Alors, tu vas voter Marine – c’est ça que tu vas faire ?
- Pas du tout.
- ???
- Je t’explique : je vais voter pour Jean-Luc Mélenchon, en pensant que si je le voulais je pourrais voter Le Pen.
Simple, n’est-ce pas ?

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

belle démonstration appliquée de ce qui se passe dans beaucoup de tête de français conscienct sans l'appliquer au traité de l'indifférence et au droit d'indifférence .
salutations monsieur Jean Pierre