Friday, April 13, 2012

Citation du 14 avril 2012


« Passants – souvenez-vous que nous avons été ce que vous êtes ; et que vous serez un jour ce que nous sommes. »
Inscription au portail du cimetière de Fouillouse (village de l’Abbé Pierre)



J’avais jadis consacré un Post à cet avertissement, traité maintes fois par différentes sources. Je n’y reviens pas.
Je voudrais seulement évoquer les conditions dans lesquelles j’ai croisé (sic) ce portail de cimetière, érigé dans un hameau semi-désertique au fond de la haute vallée de l’Ubaye, accessible par une route escarpée et dangereuse – lieu que  jamais personne ne viendrait visiter si la famille de l’abbé Pierre n’en était originaire, et si l’Abbé lui-même n’y était souvent revenu.
Il faut donc imaginer les difficultés de la route et le soulagement éprouvé pour être arrivé entier dans ce lieu escarpé. Et puis aussi la vague angoisse liée à la barre rocheuse qui ferme l’horizon, coupant ainsi toute velléité de fuite – imaginant du coup les souffrances endurées par le malheureux père du futur abbé qui a bravé les sentiers escarpés pour aller chercher sa pitance ailleurs.
… Et voilà que passant innocemment devant ce cimetière, vous êtes interpellé par les morts – oui, les morts ! – qui vous appellent comme dans une danse macabre, à venir parmi eux, puisque votre place est déjà retenue…
Memento mori… Je sais bien que l’avertissement se trouvait autrefois partout, y compris dans les banquets. Mais si nous ne le supportons plus aujourd’hui – ou du moins plus si aisément – si nous ne savons que rejeter ce conseil d’un haussement d’épaule, c’est que nous sommes devenus des vivants « immortels ». Oh, bien sûr, nous mourrons un jour, ça c’est évident. Mais nous refusons d’en faire l’horizon de notre vie : la mort n’est plus un horizon, simplement parce qu’il n’y a plus rien derrière. Mais en même temps, elle est angoissante parce qu’elle anéantit nos valeurs : à quoi bon vivre, si nous devons disparaitre – avec tout ce que nous  aimons ?
Les habitants du hameau de Fouillouse, eux ne se posaient peut-être pas de questions métaphysiques. Mais au moins ils savaient de façon certaine qu’après leur mort il y aurait quelqu’un pour les accueillir au ciel.
Quant à nous, personne ne nous attend plus au Ciel : ni notre père – ni le Père Éternel.

3 comments:

FRANKIE PAIN said...

belle densité mon cher jean pierre
je reviens dimanche lire
merci de votre visite
pas mal l'inscription
...
et belle photo
je suis sur que c'est vous l'auteur.
Je vous fais un beau bisous

FRANKIE PAIN said...

j'ai gagné c'est une photo de vous
vous ne faites jamais les photos sans parole.
alors superbe non ! et la fin
moi je crois que l'on m'y attends

monsisuer le Philosophe c'est la différence de nos métiers qui font çà
gros bisous de week end

Jean-Pierre Hamel said...

je crois que l'on m'y attends...c'est la différence de nos métiers qui font çà

- Ah ! Chère Frankie, comme j'aimerais être le philosophe installé sur son perchoir et qu'on vient consulter... Mais ce n'est pas le cas... En plus, du temps où j'étais prof, c'est moi qui attendais mes élèves sécheurs de cours plutôt que le contraire...
Très bon dimanche,
J-P