Monday, August 13, 2012

Citation du 14 août 2012


Pour l’instant, je ne baise pas, je vous parle, eh bien ! je peux avoir exactement la même satisfaction que si je baisais. … C’est ce qui pose, d’ailleurs, la question de savoir si effectivement je baise. Entre ces deux termes s’établit une extrême antinomie qui nous rappelle que l’usage de la fonction de la pulsion n’a pour nous d’autre portée que de mettre en question ce qu’il en est de la satisfaction.
Jacques Lacan – Le séminaire, livre XI –  Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, 1973, p. 151.
Lu hier : les femmes qui ont un gros cerveau ont des petits seins. (Dr Galtier-Boissière)
Question du jour : et les hommes ?
Réponse : si les femmes savantes ont des petits seins, les hommes savants ont un petit zizi.
… Bien sûr Freud ne parle pas de caractéristiques physiologiques. La sublimation (1) dont Lacan se fait l’écho ici affirme qu’il y a une jouissance désexualisée – mais d’origine libidinale – dans des activités socialement valorisées comme l’art, la science, la littérature, ou la poésie.
Ce que souligne Lacan, c’est que le chemin qui va de la pulsion à sa satisfaction emprunte différents parcours, mais qu’on n’en emprunte qu’un à la fois : tantôt je jouis parce que je baise, tantôt je jouis parce que je philosophe.
--> Ceci n’est qu’un exemple, bien sûr ; mais je devine que vous désirez me questionner : «  Selon vous, Monsieur le philosophe, laquelle de ces deux jouissance est la plus forte ? »
Voilà bien de l’indiscrétion ! Demandons plutôt à Platon – le quel ne répondra pas par lui-même, mais fera répondre Socrate à sa place : et Socrate nous dit qu’il éprouve une jouissance gourmande à lire de beaux discours, que dans ce cas les beaux garçons n’ont pas d’attrait pour lui – fussent-ils Alcibiade.
Reste qu’il y a des cas où la création intellectuelle intervient chez des sujets très portés sur la chose : on cite volontiers Victor Hugo qui était réputé capable de satisfaire plusieurs femmes dans la même journée et cela jusqu’à un âge avancé. Bien sûr il n’est pas nécessaire de rappeler que ça n’a absolument pas entravé sa création poétique et littéraire.
Hors mis la performance, cela n’ajoute pourtant pas grand-chose à  notre théorie, sinon que l’une de ces deux satisfactions ne réduit apparemment pas le besoin de satisfaire l’autre. D’ailleurs, Lacan lui-même ne dit pas qu’en sortant de son Séminaire il ne va pas baiser avec une jeune étudiante (2). Il dit simplement qu’il ne fait pas les deux en même temps –  mais qu’il jouit dans les deux cas.
Quoi ? Encore une question ? Bon – mais c’est la dernière.
- Y a-t-il un équivalent du viagra pour faciliter la sublimation ?
Réponse : Bien sûr ! Ça s’appelle cocaïne.
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(1) Sublimation – " Processus postulé par Freud pour rendre compte - d'activités humaines apparemment sans rapport avec la sexualité, mais qui trouveraient leur ressort dans la force de la pulsion sexuelle. Freud a décrit comme activités de sublimation principalement l'activité artistique et l'investigation intellectuelle.
La pulsion est dite sublimée dans la mesure où elle est dérivée vers un nouveau but non sexuel et où elle vise des objets socialement valorisés.
" – Laplanche et J.-B. Pontalis "Vocabulaire de la Psychanalyse" (1967)
(2) En me relisant, je me dis que ce n’est pas si évident, parce que les dames qui fréquentaient son Séminaire étaient plus souvent des vieilles peaux de femmes-écrivain(e)s en panne d’inspiration que des étudiantes jeunes et sémillantes.

2 comments:

Anonymous said...

Depuis qq jours, paroles d'homme... d'hommes.

"Je suis un homme", et c'est très intéressant ! pour la femme que je suis, je prends note...

J'ai bcp ri, entre les petits et gros seins, j'suis des petits seins, mais lors de mes grossesses, d'enfer, des obus pleins de lait! tout est dans la tête... et, je développerai le sujet des petites ou grosses pour hommes, c'est pas pareil ou alors, mais toujours à apprendre...; et ça c'est bien!

Bonne journée :-)

Fany

Jean-Pierre Hamel said...

Paroles d'hommes : oui sans doute.
Mais en matière de sublimation, femmes et hommes sont au même plan, puisque c'est désexualisé.
... Jusqu'à preuve du contraire.