Ne discutez jamais, vous ne convaincrez personne. Les
opinions sont comme des clous ; plus on tape dessus, plus on les enfonce.
Alexandre Dumas
Les opinions sont
comme des clous ; plus on tape dessus, plus on les enfonce. Qui conque a
tenté de dissiper les opinions racistes ou sexistes l’a constaté : on se
heurte à un mur, et les arguments les plus rationnels ne convainquent pas,
voire même, en irritant ceux qui les profèrent, ils ne font que les
radicaliser. Les convictions qui les soutiennent semblent bien résulter d’autre
chose que de la pure logique.
Les opinions sont des manières de penser et non des
raisonnements : ça veut dire qu’elles reflètent un peu ce que sont les
gens, qu’elles sont en quelque sorte attachées à leur nature, à leur
personnalité – ou du moins à leur histoire. Les détruire, c’est leur arracher
une partie d’eux-mêmes. Bref, elles relèvent de la mécanique des passions
beaucoup plus que des mécanismes cognitifs.
Ce qui est vrai des opinions personnelles l’est encore
plus des opinions qui viennent du milieu socio-culturel. Parce que le mécanisme
est double alors : toute opinion est personnelle : on dit « Je » quand on signifie une
opinion ; mais ce « Je »
est alors redoublé par un « Nous ».
- Tous les profs de philo se sont colletés à cet
obstacle : comment faire accepter que telle opinion soutenue par un des élèves ne soit pas
une vérité marquée du sceau de l’évidence, et donc qu’elle n’ait pas plus de
valeur que l’opinion adverse ? Et pourtant, ce sont des gens qui
supportent mal qu’on ne pense pas comme eux. (1)
On ne peut pas dépasser vraiment ce problème sauf à
montrer que : si la vérité est objective, alors qu’importe ce que pensent
les autres ? Qu’on y croit ou pas, ça ne change rien ; en revanche
toute opinion nécessite un engagement personnel : il faut se mouiller – et
donc qu’il est bon de savoir ce que pense l’adversaire. Soutenir une opinion
qu’elle soit morale, religieuse, politique, artistique etc., c’est choisir un
camp contre un autre, choix qui est en alternative avec d’autres choix
également possibles – choix qui a des conséquences qu’il faut accepter au
moment même où on le fait.
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(1) Rassurons tout de suite ceux qui en concluraient que le
prof de philo se donne pour tâche soit d’endoctriner, soit de semer le
scepticisme. Son rôle est d’ouvrir les esprits sur d’autres horizons.
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