La beauté rehaussée de naïveté est ineffable, et rien n'est adorable comme une innocente éblouissante qui marche tenant en main, sans le savoir, la clef d'un paradis.
Victor Hugo – Les
Misérables (1862)
« …une
innocente éblouissante tenant en main, la clef d'un paradis ».
Hé-Hé… Quand on sait que Victor Hugo jouissait d’un
tempérament de feu, on imagine facilement quel était le paradis possédé par
cette belle innocente – et à quelle porte il cognait pour entrer.
- Mais, bon, ne perdons pas de vue l’essentiel : la beauté se trouve rehaussée par la naïveté.
Sachant que la naïveté désigne ce qui est naturel,
premier ou initial, on devine qu’il s’agit d’une belle jeune fille dont la
beauté est à la fois candide et inconsciente d’elle-même. Ce qu’on reproche aux
femmes, ce n’est certes pas leur beauté ; c’est leur vanité représentée
dans les tableaux d’autrefois par une femme qui se contemple dans un miroir.
- La beauté pour exister nécessite un jaillissement
naturel qui exclut le retour sur soi de l’auto-admiration.
C’est en ce sens qu’on parle aussi de la beauté animale
dont jouissent parfois les humains : c’est une beauté qui ne se regarde
pas elle-même – mieux : elle ne se « machine » pas en fonction
d’un regard extérieur sur elle-même.
Et pour le spectateur ? Pour celui qui, comme
Victor, regarde passer dans un éblouissement la jeune fille qui tient la clef
du paradis ? Eh bien, il ne peut
que contempler, sans rien dire.
--> C’est ce qu’on appelle le charme, ce à quoi on succombe
sans un mot : car un mot quel qu’il soit serait déjà de trop.
Le charme, c’est ce qui s’évanouit et se brise pour un
rien.
Devant la beauté de cette belle fille qui émeut Victor
Hugo, la seule attitude possible, c’est la contemplation silencieuse.
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