… si l’homme et la femme veulent jouir l’un de l’autre
réciproquement en fonction de leurs facultés sexuelles, ils doivent
nécessairement se marier et ceci est nécessaire d’après les lois juridiques de
la raison pure.
Kant – Doctrine du
droit, §24
Quand on convoque les
lois juridiques de la raison pure, ça intimide : qui donc osera y
contredire ?
Déjà, il faut savoir que – selon Kant – le mariage pour
être conforme à ces lois implique un don total, non seulement de ses biens,
mais aussi de sa personne à l’autre. Don qui doit être sans conditions ni
limites dans le temps.
D’où impossibilité de réduire la condition du mariage à
la procréation, sans quoi il serait dissout dès lors que celle-ci deviendrait
impossible (comme après la ménopause de la femme). Le mariage est donc
caractérisé par la jouissance sexuelle commune entre les époux.
Seulement faire de l’union charnelle un acte conforme aux
lois de la raison pratique est un paradoxe, car on sait que pour Kant, la
jouissance sexuelle revient à traiter son corps comme une chose –
entendez : comme un instrument pour son plaisir – ce qui contredit à la
dignité humaine.
- Viens baiser
chérie, j’ai envie… Ça ne marche pas comme ça, parce que je ne puis
considérer mon épouse comme un instrument de jouissance sexuelle sans la
dégrader à n’être que ça.
La solution est – en fonction de ce qu’on a dit plus haut
sur le don nuptial – qu’en se donnant à l’autre, on ne se donne pas simplement comme
instrument de plaisir, on se donne entier
c’est-à-dire comme l’être total que nous sommes (et bien sûr c’est ainsi que
nous recevons le don de notre époux-épouse). Le mariage étant le fait de se
donner en totalité à l’autre – on ne peut dissocier le sexe du reste de la
personne toute entière
- Chérie j’ai envie…
que tu te donnes à moi toute entière, et pendant ce temps, tu recevras de moi ce
membre par le quel je te donnerai ma
personne toute entière… (1)
Bon : voilà la contribution de Kant à la Journée de la femme. Je vous ai évité
le pire…(2)
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(1) Concrètement, voilà ce que dit Kant : « Mais
l’acquisition d’un membre en l’homme est en même temps acquisition de la
personne toute entière, car celle-ci est unité absolue ; il s’en suit que
l’offre et l’acceptation d’un sexe pour la jouissance d’un autre ne sont pas
seulement admissibles sous la condition du
mariage, mais qu’elles ne sont possibles que sous cette unique condition. » Kant – Doctrine
du droit, § 25
(2) « Dans le progrès de la civilisation, la
supériorité d’un élément doit s’établir de façon hétérogène : l’homme doit
être supérieur à la femme par la force corporelle et le courage, la femme par
la faculté naturelle de se soumettre à l’inclination que l’homme a pour elle… »
Kant – Anthropologie du point de vue pragmatique
2ème partie, B – Le caractère du sexe
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