Wednesday, September 12, 2012

Citation du 13 septembre 2012



Pour ma part, je croirai que la prostitution est un métier comme un autre le jour où les prostitué(e)s – ou les intellectuel(le)s, il n’y a  pas de raison ! – encourageront leurs filles à pratiquer ce métier.
Nancy Huston – Reflets dans un œil d’homme (p. 255)
La prostitution est-elle un métier ?
Inutile de dire que je ne pourrai pas instituer un débat sur ce sujet dans le cadre de ce Post – je pourrais tout au plus tenter de défricher les abords du problème. Et rappeler que, si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire, un métier est une occupation, une  profession utile à la société, donnant des moyens d'existence à celui qui l'exerce (TLF). Ce qui a le mérite de placer tout de suite la question (comme le fait d’ailleurs Nancy Huston) dans le cadre de la banalité de la prostitution : à la fois utile à la société, et qui a le même mérite que n’importe quelle autre profession de donner des moyens d’existence.
Pour aller à l’essentiel, une prostituée est une femme qui permet à autrui d’utiliser son corps comme un ustensile pour son plaisir. Elle devient le temps de la passe, un objet – et la question est donc : devenir un objet, cela peut-il être utile (à la société) et bénéfique (pour celui qui en ferait un métier) ?
- Utile à la société ? En « purgeant » à bon compte les pulsions  hommes ? Hum… Quand on répond « oui » à cette question, nous les hommes nous n’avons plus qu’à raser les murs pour cacher notre honte. Evidemment, ça n’empêche pas qu’on en soit persuadé.
- Bénéfique pour les prostituées qui gagnent la pitance de leurs enfants (ou qui financent leurs études ou leur drogue comme ça) ? Dans la mesure où la prostituée se constitue « objet » pour son client, elle est totalement aliénée – elle devient donc son esclave, et cela au sens le plus exact du mot (1). Si l’on n’est pas masochiste (2) – et il serait étonnant que toutes les prostituées le soient – alors dire que ce « métier », qui en réalité est un « esclavage à temps partiel », est avantageux pour qui l’exerce, est pur cynisme.
Alors, oui. La prostitution est un métier dans la mesure où certains métiers aliènent ceux qui les exercent. Mais si cette aliénation est en réalité un esclavage, alors c’est absurde : qui donc dirait qu’un esclave exerce un métier ?
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(1) Les prostituées militantes parlent d’elles-mêmes comme de « travailleuses du sexe ». Pourquoi des « esclaves du sexe » ?
(2) Rappelons que Sacher Masoch passait avec sa femme Wanda des « contrats d’esclavage »

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