Saturday, September 01, 2012

Citation du 1er septembre 2012


Dieu est mort, mais l'homme n'est pas, pour autant, devenu athée. Ce silence du transcendant, joint à la permanence du besoin religieux chez l'homme moderne, voilà la grande affaire aujourd'hui comme hier.
Jean-Paul Sartre – Situations

Je profite de la proximité de la polémique Onfray v. B. Stora à propos de l’expo Camus d’Aix-en-Provence pour rappeler ce qu’il en était de sa position d’homme révolté et du sentiment de l’absurde.
La position de Camus est assez bien résumée ici par Sartre : Camus est l’homme qui sait que Dieu n’existe pas, mais qui dit, comme Octave Mannoni : « Je sais bien… Mais quand même ! ». L’homme chez Camus ne peut renoncer à la transcendance « verticale », celle qui se traduit justement par un besoin de religiosité. Clamer devant le ciel vide que sans Dieu le monde est absurde, voilà ce qui caractérise Camus – voilà ce qui fait ricaner Sartre.
Toute transcendance n’est-elle donc pas « verticale » ? Ne faut-il pas pour qu’il y ait du transcendant que soit un Dieu, une Nation, ou une Histoire ?
Ce que Sartre pose, c’est précisément ce qu’on appelle aujourd’hui la « transcendance horizontale », chère à Luc Ferry (lire ici). Pour Sartre, rien n’est écrit ni ce qu’il faut faire, ni ce qui sera. Seul le passé est écrit, mais il est mort et nous n’en avons que faire – puisque nous sommes libres.
Camus réclame du sens et le monde ne répond rien. C’est là que Sartre apparait : nous pouvons créer du sens, puisqu’il n’existe rien de transcendant. En créant, nous transcendons ce qui est – même si après nous tout s’effondrera peut-être. C’est simplement tant pis pour nous. Mais au moins, nous aurons essayé.
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(1) « L’absurde est également là où nous souhaiterions qu’il y ait du sens alors que seul le silence s’impose. » Lire ici

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