Sunday, September 16, 2012

Citation du 17 septembre 2012



Imprudence, babil, et sotte vanité, / Et vaine curiosité, / Ont ensemble étroit parentage. / Ce sont enfants tous d'un lignage.
Il arrive à La Fontaine d’exploiter plusieurs fois le même ressort. Ainsi de cette fable où une tortue transportée dans les airs où elle se maintien par la force des mâchoires qui l’accrochent à un bâton, se laisse choir sur le sol pour avoir voulu répondre à des flatteries : exactement comme le corbeau d’une autre fable –  encore qu’il ne tombe pas lui-même mais laisse tomber sa proie.
Quatre défauts ou vices, c’est selon, sont visés ici :
- L’imprudence : on peut en effet parler imprudemment. C’est même le risque le plus fréquent : j’avais cité il y a bien longtemps cette phrase de Louis XIV : Il est très malaisé de parler beaucoup sans dire quelque chose de trop.
- Le babil : abondance excessive de paroles vaines, de propos futiles, dit mon dictionnaire. Les gens qui babillent parlent non seulement trop, mais encore ils parlent pour ne rien dire, comme si le son de leur voix suffisait à leur bonheur.
- La vanité : c’était déjà le défaut du Corbeau de la fable. La vanité semble avoir plusieurs degrés, et on devine que, quand elle est sotte, celui-ci atteint son comble. Le vaniteux est ridicule, mais il ne le sait pas : on peut donc en jouer sans qu’il s’en aperçoive. Ne croyons pas qu’il s’agisse là de la conception d’une morale désuète. Comment croyez-vous que la publicité agisse sur nous ?
- La vaine curiosité : si tout à l’heure le vaniteux était en faute même s’il évitait la sottise, ici en revanche on  peut estimer que la curiosité n’est pas un défaut – sauf si elle est vaine. Reportons-nous à la fable du jour : la tortue s’est mise en tête de visiter les Amériques – ce pourquoi elle choisit les transports aériens. Voilà donc ce qu’on appelle une vaine curiosité. Comment ? Visiter les Amériques, voir maintes républiques, observer les mœurs de tous ces gens-là – c’est donc ça manifester une vaine curiosité ?
Inutile de dire que si La Fontaine a raison, Airbus n’a plus qu’à fermer boutique.

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