Monday, September 17, 2012

Citation du 18 septembre 2012



Je tire de la douleur un bénéfice : elle me rappelle sans cesse à l'ordre. Les longs temps où je ne pensais à aucune chose, ne laissant naviguer en moi que les mots : chaise, lampe, porte, ou autres objets sur quoi se promenaient mes yeux, ces longs temps de néant n'existent plus. La douleur me harcèle et je dois penser pour m'en distraire. C'est à l'inverse de Descartes. Je suis, donc je pense. Sans la douleur je n'étais pas.
Jean Cocteau – La difficulté d'être
…à l'inverse de Descartes. Je suis, donc je pense. Sans la douleur je n'étais pas.
Et voilà encore un contresens sur le cogito, puisque :
- Cocteau nous dit : Je suis = une douleur. Et c’est parce que je suis une douleur qu’alors je peux penser.
- Et Descartes dit en réalité : si c’est la pensée qui atteste qu’on existe, c’est parce que la pensée est état de conscience. La douleur n’est donc rien d’autre pour Descartes et pour Cocteau qu’un état de conscience et non un état physiologique, puisqu’on peut s’en distraire.
Ne cherchons pas noise à nos écrivains Après tout ce n’est pas de leur faute si Descartes ne connaissait pas le terme « conscience » (1). Mais c’est quand même cela qui importe : par la rêverie ou par la méditation, je m’absente de moi-même et donc je n’existe plus – un peu comme si je dormais. Le maximum de conscience de soi apparait dans la douleur, et éviter la douleur, c’est éviter cette conscience de soi – si on le peut. On parle d’un mathématicien prisonnier dans un camp nazi et qui, soumis aux pires souffrances, leur survécut en résolvant dans son esprit des équations toujours plus compliquées.
Si Cocteau valorise ainsi la douleur (comme nombre de poètes et de philosophes « romantiques »), c’est qu’il considère que s’absenter de soi-même c’est plonger dans le néant. Or on peut en douter : je suis en ce moment entrain de taper sur mon clavier pour faire apparaitre une pensée que je juge être la mienne. Certes au moment même où je produis cette pensée, je m’« absente » de moi-même. Mais si une colique brutale m’arrache à mon travail et me tord de douleur, qu’aurais-je gagné ? N’étais-je pas d’avantage « moi-même » l’instant d’avant ?
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(1) J’entends bien que Descartes emploie le terme : mais c’est toujours dans le sens moral. A l’époque de Descartes, la conscience désigne la saisie intuitive des valeurs, pas celle de notre existence.

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

cher cocteau sur la mémé ligne du cogito

je n'ai pas l'esprit au developpement mais je voulais dire bonjour à vous et à Cocteau reunit et descartes car j'ai beaucoup joué de son expression quand je jouais du thomas berhard
je vous embrasse
belle journée