Summum jus, summa injuria. (Justice extrême est extrême injustice)
Térence
Selon cette maxime juridique, on peut commettre des iniquités par une application trop rigoureuse de la loi. Faut-il y voir un pressentiment de l’affaire d’Outreau ? Voyons un peu. Un juge d’instruction et un procureur, en restant dans le cadre de la loi qu’ils servent avec zèle (summum jus), mettent en prison en toute légalité des innocents et ravagent leur vie avant même qu’ils soient jugés (summa injuria). Ça colle semble-t-il.
La justice nous dit Térence est comme un serpent qui se mord la queue : si la tête c’est la justice, la queue c’est l’injustice, et l’un n’est jamais loin de l’autre.En effet. Néanmoins le sens de cette maxime doit être complètement repensé pour coïncider avec la situation d’Outreau.
Application : dans l’affaire d’Outreau on a accusé tout le monde, juge, procureur, média ; tout le monde sauf nous. Nous, le brave peuple, qui crie à l’extrême injustice, quand la justice n’est pas extrême. Car il nous faut du crime, même s’il n’y en a pas (ou : pas autant qu’il faudrait) : en effet sans crime, pas de coupable, et sans coupable, pas de châtiment ; or, la justice, pour nous les braves gens, c’est le châtiment.
Ce n’est donc pas l’application stricte de la loi qui forme le terreau de cette affaire ; c’est le désir de vengeance ; il y a des pédophiles, on le sait, mais où sont-ils ? On nous en signale toute une bande, bien organisés et bien répugnants. Qu’on les pende ! On est plus du côté du lynchage que de celui de la justice.
Et si les pédophiles manquent à l’appel, on se fera le juge.
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