Thursday, January 11, 2007

Citation du 12 janvier 2007

Il ne peut y avoir aucune félicité pour qui vit toujours dans une terreur perpétuelle.

Cicéron - Tusculanes V, xxi

C’est avec l’histoire de l’épée de Damoclès que Cicéron nous conduit à cette conclusion.

Damoclès, courtisan de Denys, le Tyran de Syracuse, prétend que le tyran est l’homme le plus heureux qui soit.

Pour lui montrer son erreur, Denys fait préparer pour Damoclès une chambre où l’on trouve tout ce qui peut contribuer au bonheur des hommes : mets raffinés, vaisselle de vermeille, beaux esclaves… Parfum, couronnes, encens, tout y était. Le lit était d’or, les couvertures, des tapis brodés. Denys fait installer Damoclès sur ce lit ; il ordonne qu’on fixe au plafond, juste au-dessus de sa tête, une épée qui ne tient que par un crin de cheval : Damoclès, terrorisé, ne regarde plus que l’épée et ne voit plus rien des magnificences qui, l’instant d’avant, lui auraient suffi à être parfaitement heureux.

Le sort du tyran est le même que celui-ci : toujours menacé il ne connaît aucune félicité.

Deux remarques dans les marges de cette histoire, pour en généraliser la morale : d’abord pas de bonheur sans un sentiment de sécurité pour l’avenir : voir Kant (1). Autrement dit, sans une certaine inconscience, il est bien difficile d’accéder au bonheur.

Ensuite, c’est l’équilibre psychologique qui fait le bonheur, plus que les biens matériels. J’entends bien que le déséquilibre qui menace Damoclès est celui de l’épée, objet matériel. Mais peut-être que le crin de cheval est très solide, et que l’épée est très légère. Ça ne change rien du tout : tant que Damoclès aura peur de sa chute, il ne pourra jouir des biens qui l’entourent.

L’histoire décidément ne se répète pas : j’en connais un qui aurait aimé être pendu par un crin de cheval.

(1) « Le bonheur est l’état dans le monde d’un être raisonnable, à qui, dans tout le cours de son existence, tout arrive suivant son souhait et sa volonté » KANT - Critique de la raison pratique (Livre II, chapitre V, §V)

Voir aussi l’hirondelle d’Aristote (citation du 8 février)

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