La vie systématique, qui ne gêne en rien la liberté individuelle, n'existe encore nulle part et pour aucun peuple à la surface du globe. L'hygiène du genre humain n'est pas encore créée. Un jour on comprendra que tous les éléments dont le globe se compose, toutes les productions qu'il engendre, toutes les effluves [sic] qu'il rayonne, toutes les forces qu'il dégage doivent se mettre en équilibre avec la vie humaine et que le secret de la vie est là tout entier. C'est ce que l'avenir saura et verra.
Victor Hugo – 1852 /Océan (choix de poème effectué par Paul Maurice)
Deux idées qui doivent encore, un siècle et demi plus tard, nous concerner dans cet étonnant texte :
- D’abord, l’idée qu’il faut considérer comme un seul tout notre planète toute entière, non seulement avec les productions humaines qui s’y réalisent, mais aussi avec toutes ses forces et tous les effluves qu’il rayonne. C’est à l’harmonie et à la systématicité qu’appelle cette constatation : rien de ce qui se fait ici et seulement ici ne peut être sans conséquence sur la nature entière. Les stoïciens le savaient, mais eux, ils croyaient que l’infime partie que nous sommes ne pouvait mettre en danger l’harmonie universelle. C’étaient des optimistes…
- Optimiste, en effet, Hugo semble bien l’être. Considérant l’avenir, il dit « C'est ce que l'avenir saura et verra. ». Si nous sommes bien, nous hommes d’aujourd’hui, l’avenir dont parlait Hugo, alors disons que nous savons – et donc qu’il avait pour une part raison – mais qu’on est loin d’en avoir tiré les conséquences.
C’est qu’il ne suffit pas de savoir de quoi la nature est faite pour réaliser ce qui convient à son équilibre.
D’ailleurs, que savons-nous réellement ? N’oublions-nous pas aussi vite que nous apprenons ?
Deux exemples : on nous dit que les microparticules dégagées par nos automobiles sont très dangereuses pour la santé (1). Hé quoi ? Les CO2, ça ne suffisait pas ? Maintenant il faut aussi se méfier des particules ? – Bon, d’accord. Je vais militer pour les filtres à particules. Mais alors laissez tomber le gaz carbonique, on verra ça plus tard.
Et le trou dans la couche d’ozone, vous vous en rappelez ? Qu’est-ce qu’on a pu en parler il y a 30 ans… à l’époque je me rappelle : les coupables, c’étaient les CFC.
Et puis voilà : on n’en parle plus, donc je suppose que le trou s’est rebouché.
--> Mais non ! J’apprends que, suite à un hiver particulièrement rigoureux dans la stratosphère, un trou gigantesque s’est creusé au-dessus de l’antarctique.
La stratosphère est trop froide ? Et les glaciers qui fondent ? Plus assez d’ozone ? - Et dans le même temps on me rappelle que la pollution à l’ozone nous menace toujours.
Hé bien voilà : ma raison vacille – Victor Hugo ne pouvait imaginer quel chaos il faudrait dominer pour arriver à comprendre l’harmonie de la nature.
--------------------------------
(1) Le « on » en question c’est NKM, notre incisive ministre de l’environnement – même que tout le monde se récrie quand elle propose des restrictions de circulation pour les voitures génératrices de ces particules.
No comments:
Post a Comment