Emprisonné dans chaque homme gras, un homme maigre fait des signes désespérés pour qu'on le libère.
Cyril Connolly
No-Anorexia.
Isabelle Caro (morte le 17 novembre 2010)
Les maigres et les anorexiques sont probablement des gens différents, et on s’en aperçoit en comprenant le sens qu’ils donnent à leur ennemi personnel : je veux dire le gras.
- dans un cas le gras est conçu comme un moyen pour le corps d’exister : l’anorexique maigrit pour disparaitre.
- dans l’autre cas, le gras est une prison qui aliène et enferme l’être véritable. C’est exactement le corps-tombeau de Platon. Le gros qui maigrit le fait justement pour se libérer et donc pour exister.
Laissons de côté les signes désespérés du maigre, pour nous en tenir à cette idée : dans chaque gros il y a un autre homme qui est enfermé. Autrement dit, le vrai homme, ce n’est pas le gros, mais celui qui se cache à l’intérieur.
Alors, qu’est-ce qu’en pensent nos amis les gros ? Eux qui se plaignent qu’on les stigmatise en affirmant que s’ils le sont ce n’est qu’un effet de leur gourmandise ou bien de leur manque de volonté ? Voilà que maintenant on va les accuser de ne pas être authentiques, dire que leur bonhommie et leur faconde ne sont que des paravents, destinés à couvrir les gémissements du maigre qu’ils retiennent prisonnier dans les replis de leur bedaine !
Quand on pense que la civilisation indienne – là où vivent tant de maigres – n’a pas fait de la maigreur un idéal : qu’imaginer de plus ventripotent que Bouddha ? O tempora, O mores !
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