Thursday, April 07, 2011

Citation du 8 avril 2011

Régler le présent d'après l'avenir déduit du passé.

Auguste Comte - Système de politique positive

Fukushima mon amour II

Le positivisme qui s’exprime dans cette formule a quelque chose de sécurisant, mais aussi d’illusoire. Surtout quand on pense à la catastrophe de Fukushima.

Sécurisant parce qu’on se dit que l’avenir est prévisible et qu’on peut agir dessus dès à présent. Ainsi, connaissant les évènements de Tchernobyl, nous pouvons prévoir les méfaits de la pollution au Japon et donc il est possible de les éviter – du moins d’éviter leur retour – du moins le retour des erreurs qui a rendu possible la catastrophe.

Ainsi : à Fukushima, les Japonais ont commis une erreur qui serait non pas d’avoir construit une centrale nucléaire à cet endroit, mais de ne pas avoir élevé une digue assez haute pour la protéger de la vague du tsunami : leur digue faisait 10 mètres alors que la vague a fait plus de 14 mètres.

Il était possible de faire une digue plus haute. Mais était-il possible de prévoir la hauteur du tsunami ? Car, prévoir nous dit Comte c’est d’abord connaitre le passé. Et effectivement, en matière de catastrophe naturelle, on se règle sur les catastrophes passées. C’est ainsi qu’on parle de crues décennales ou centennales. Mais qu’est-ce qui nous dit que Comte a raison et qu’il y a de telles régularités dans la nature ? Et quand bien même elles existeraient, comment savoir s’il n’y a pas un rythme plus lent, plus profond, de l’ordre du millénaire – voire même plurimillénaire ?

Ça ne veut pas dire qu’on ne doit plus prévoir l’avenir et tenant compte du passé, ni régler notre conduite présente sur cette prévision. Mais ça veut dire que nous aurions grand tort de nous sentir en sécurité grâce à la science.

--> On pourrait peut-être demander à l’évêque d’aller bénir les centrales nucléaires – surtout les plus vieilles, comme Fessenheim.

On ne sait jamais.

4 comments:

Anonymous said...

(Cf. Wikipédia : On recense seize séismes-tsunamis depuis 1611 situés au nord de l'île principale du Japon. Un de ces séismes les plus meurtriers ayant affecté cette région a eu lieu le 15 juin 1896 au large des côtes du Sanriku. Sa magnitude a été estimée à 8,5. Il déclencha un tsunami avec un déferlement (run-up) d'une hauteur maximale de 38 mètres, et tua 22 066 personnes. Un autre eut lieu le 2 mars 1933, légèrement plus au nord, faisant environ 3 000 victimes causées par le tsunami suite au séisme avec un déferlement estimé à 28,5 m à Ofunato). Nucléaire : il s’avère que les spécialistes n’avaient pas prévu le « hautement improbable » ; il s’avère que les responsables étaient irresponsables. Le tsunami du 26 décembre 2004 en Indonésie avait atteint jusqu’à une hauteur de 35 m. Le Japon étant une des zones les plus sismiques au monde (1/5 des séismes de magnitude supérieur à 6), les digues de la centrale de Fukushima étaient prévues pour faire face à un tsunami de… 5 m de haut ! Cette catastrophe n’était donc pas une fatalité ; cherchera-t-on un jour à poursuivre en justice les décideurs comme on le fait avec n’importe quel justiciable pour la moindre peccadille ? Ne s’agirait-il pas d’un crime contre l’humanité par négligence ? Le crime étant trop gros et trop collectif, il ne sera jamais jugé ni même ne serait-ce que formulé.16-03-2011

Anonymous said...

« retour d’expérience » : expression issue du milieu de l’entreprise tambourinée à propos de la catastrophe de Fukushima qui insinue que, in fine, l’homme moderne maîtrise et contrôle toutes situations ; glissement sémantique opéré par les bureaucrates technico-capitalistes traitant avec suffisance les désastres nucléaires comme de simples mauvaises « expériences » dont les « cobayes » seront cependant combien de milliers voire de millions d’irradiés, de contaminés, de morts ou, pour le moins, de déplacés.

Kévin LEGRUYÈRE said...

Tchernobyl, Fukushima, …, la science m’a tuer.

Kévin LEGRUYÈRE said...

Tchernobyl, Fukushima, …, entrons dans le monde d’après.