Alphonse Karr
Quel voyageur êtes-vous ?De ceux qui feuillettent fébrilement les brochures des voyagistes pour trouver le Tour Operator qui mettra au programme du voyage en Malaisie un détour par un village perdu en montagne où l’on vous fera assister à la Cérémonie du buffle ?
Et en plus, ces voyageurs-là ont des quantités d’appareils numériques pour photographier, filmer, enregistrer… Malheur à leurs amis qui accepteront l’invitation au barbecue de retour !
Bref : des gens comme ça, on n’est pas prêt d’oublier qu’ils ont voyagé, parce que en partant en voyage ils ne pensaient qu’au retour, ce n’est pas l’étrange nouveauté qu’ils visaient, mais une manière de briller dans leur environnement familier.
Mais vous, vous êtes peut-être plutôt du genre à voyager comme Kerouac, sac à dos, pouce levé sur la Route 66 ? Ces voyageurs-là appartiennent plus à la race des pionniers, qui cherchent de nouvelles frontières mais ne se soucient pas du retour.
Oui, c’est cela la différence : le retour.
Les uns ne partent que pour revenir, et encore : non pas plein d'usage et raison, mais les poches bourrées de clés USB.
Pour les autres, le retour est souvent une déroute – et c’est un peu le cas de Kerouac. A moins que le retour soit l’occasion de rêver au prochain départ. J’ai connu un jeune homme qui démissionnait de son job avant de partir en voyage, et qui ne rentrait qu’une fois épuisées ses ressources.
Celui-là, ce n’est pas pour raconter ses voyages qu’il rentrait chez lui, mais parce qu’il n’avait plus de thune.
Mais peut-être ses poches étaient-elles vides comme les poches crevées d’Arthur Rimbaud ?
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