Lawrence Beesley (Un rescapé du Titanic)
On se plait à rapprocher le naufrage du Costa-Concordia de celui du Titanic. Occasion de souligner la couardise du capitane pas-courageux, et aussi l’extraordinaire continuité des naufrages de paquebots, alors même que la confiance dans le progrès de la construction navale faisait croire que pareille situation ne pourrait plus jamais se produire.
C’est vrai. Mais, ce qui a changé tout de même, ce sont les images du naufrage. On voit aujourd’hui des vidéos de l’évacuation des passagers, on a les photos incroyables de ce géant des mers, couché sur le flanc comme une baleine crevée… Tandis qu’on ne dispose pour le Titanic que de dessins faits d’après l’imagination des reporters et peut-être d’après les récits des rescapés.
Peut-être, mais pas sûr : voyez cette gravure montrant le Titanic s’enfonçant par la proue dans l’océan, cheminées fumantes et brillamment illuminé de tous ses ponts et de toutes ses cabines. Lawrence Beesley raconte qu’au contraire, il a été alerté par l’arrêt des machines, puis par l’obscurité.
Oui, mais… Il est beaucoup plus dramatique de représenter le navire s’enfonçant dans les flots avec toute la brillance de la vie mondaine qui régnait à bord. Cette dramatisation est également ce qui sous-tend le récit cité ici : l’orchestre qui continue imperturbablement à jouer (on imagine des valses de Vienne), tandis que l’eau monde sur la piste de danse…
La dramatisation est en effet beaucoup plus facile quand on fait appel à l’imagination : c’est ce que les reportages des vidéos amateurs détruisent plus qu’autre chose.
J’ai quand même été frappé par les récits du Concordia racontant que nombre de femmes sont descendues des canots de sauvetage encore en robe du soir. J’imagine les rescapées du Titanic comme ça.
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