Sunday, January 22, 2012

Citation du 23 janvier 2012

Rien de plus capable de nous affaiblir l'âme et de nous abrutir, que d'avoir toujours devant les yeux que la providence nous doit à tous la même somme de biens et de maux.
Pierre Leroux (1797-1871) – De l'humanité, de son principe et de son avenir
Pierre Leroux, fils d’un cabaretier de la place des Vosges, sut très tôt que la survie dépend des efforts de chacun. C’est ainsi que reçu au concours d'entrée à l'école polytechnique en 1814, il renonce à ses études pour aider sa mère, devenue veuve, et ses trois frères. Il se fait maçon puis se met en apprentissage chez un cousin imprimeur.
Qu’est-ce que Pierre Leroux attaque ici ? L’utopie égalitaire ? L’Etat providence ?
Il ne fut pas un apôtre de ce que nous appellerions aujourd’hui l’anti-étatisme libéral – lui dont la mort coïncida avec la Commune de Paris qui délégua des représentants à ses obsèques.
Mais alors, que veut Pierre Leroux ? Ou plutôt, que ne veut-il pas ?
Je suppose qu’il n’était pas contre le fait que tout le monde bénéficie des mêmes biens, et que personne n’ait plus de maux que ses voisins.
Mais qu’en revanche, en appelant la providence à la rescousse, on revendique des bienfaits de la société, sans jamais lutter pour les obtenir, voilà sans doute ce qui « affaiblit l’âme ». L’homme est fait pour la lutte ; il doit sa survie à cela et rien ne peut lui venir sans qu’il ait affronté l’adversité pour l’obtenir. Voilà donc ce qu’il y a de débilitant dans la croyance en la providence : ne faisons rien – Dieu y pourvoira. (1)
Alors, voilà où nous en sommes aujourd’hui : on nous rabâche à longueur de campagne électorale que rien ne se fera dans notre pays sans la présence d’un habile capitaine au gouvernail. Aucune justice sociale sans les prestations de l’Etat. Aucun progrès économique sans la science et la prévoyance de nos futurs gouvernants.
Que dirait Pierre Leroux de ça ? Et que dirait-il encore en constatant que les syndicats sont dans le silence, et qu’ils n’en sortent que pour aller négocier avec le pouvoir ?
Nous, notre seule violence, c’est le bulletin de vote. Après tout, c’est sans doute ça qu’on appelle le progrès.
Qu’on attende donc la providence – si on veut ; mais qu’on n’en attende pas des miracles !
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(1) On trouverait la même idée chez Marx et Engels dans le Manifeste du parti communiste (1848) : contrairement à ce qu’on imaginerait, Marx n’est pas contre le travail des enfants dans les fabriques, mais contre la façon dont il est pratiqué. Les enfants doivent travailler en production parce que c’est là le complément indispensable de leur éducation.
« Éducation publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. Combinaison de l'éducation avec la production matérielle, etc. » Manifeste, II - Prolétaires et communistes

2 comments:

Anonymous said...

Goodmorning, I cannot keep silent well all you describe in your analysis touched my country. In Madagascar, everything depends on the lead which makes the countries' interests turning around the lead's will. With such analysis, people may be aware of the fact that their country is reduced to only one one's will. In what way would it be helpful?

FRANKIE PAIN said...

hello Jean pierre . well your post. c'est l'heure de ne pas la fermer et de dire ce mot ainsi composé , les consciences ont besoin de s'ouvrir car l'acte de vote avec ce grand guignol télévisuel.. ceux qui ont l'esprit , les mots de le dire , continuer ouvrez nos sens .
merci de cet acte citoyen de l'univers
et du post de votre lecteur
que vous journée soit bénie de reflexion juteuse
frankie