Montaigne – Essais
III, 13
Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes assis,
que sus notre cul
(Sur le trône le plus élevé du monde, on n'est pourtant assis
que sur son cul.)
Montaigne – Essais
III, 13
L’homme est un animal étrange qui prétend sans cesse surclasser
ce que la nature a fait de lui. Mais la sagesse consiste à admettre qu’on n’est
finalement rien qu’un animal comme les autres, déterminé à vivre en suivant ce
que notre corps nous impose.
Selon Montaigne, nous commettons dans ce domaine deux
erreurs :
- Croire que pour vivre plus, il faut courir plus vite.
- Et que pour vivre mieux, il faut s’élever au-dessus de
ce que la nature nous a donné.
C’est la voiture qui matérialise aujourd’hui cette double
croyance : aller plus vite pour profiter mieux de la vie – comme si on
avait besoin de cela. Montaigne nous interpelle : « économisons le temps, encore nous en
reste-il beaucoup d'oisif, et mal employé. »
Quant à croire qu’on vit au-dessus de la condition
humaine parce qu’on roule en Jaguar ou en Rolls, c’est une erreur : en
s’asseyant dans le cuir fauve de ces belles voitures, « on ne s’assoit
toujours que sur son cul. »
La sagesse consiste donc à ne pas demander plus que ce
que nous pouvons avoir, mais aussi à accepter des autres qu’ils soient ce que
la nature a fait d’eux.
Ainsi des vieux qui
ont un peu besoin d’être traités plus tendrement. Voilà, c’est là-dessus
que s’achèvent les Essais ; je vous laisse lire ce que Montaigne en tire
comme conseil pour bien vivre sa vieillesse.
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