Monday, June 08, 2015

Citation du 9 juin 2015

Si le mot cul est dans une phrase, le public, fût-elle sublime, n'entendra que ce mot.
Jules Renard Journal, 1887-1910
o-o-o
Vérifions avec cette citation :
« Les accents sont des signes qui se placent sur certaines voyelles ou certaines consonnes pour en indiquer la prononciation exacte. Sans accent, tous les « e » sembleraient tomber du cul de la poule, alors qu'il y a des « é », des « è », des « ê »... » Érik Orsenna

Sans le « cul de la poule » qui donc se soucierait de l’accentuation des voyelles en français ?
En même temps notons que de nos jours nous n’en sommes plus là : il ne suffit plus, pour attirer l’attention, de dire « cul » ; il faut en plus le montrer. Nous mêmes avions succombé à cette tendance il y a un an avec ce « selfie-du-cul ».
Mais nous voilà blasés. Attirer l’attention en montrant son cul, ça n’a qu’un temps. Qu’une grande star fasse cela, la répétition de cet exploit, liée au flétrissement que les ans font subir à cette partie de l’anatomie féminine humaine entraine le désintérêt du public – sollicité il est vrai par d’autres culs tout neufs.
Certaines stars, qui avaient acquis une incroyable célébrité grâce à cela, ont sombré dans l’obscurité en perdant leur beauté. Qu’on me permette de citer le film de Jean Luc Godard, le Mépris, où Brigitte Bardot demande à Michel Piccoli : « Et mes fesses ? Tu aimes mes fesses ? »


On raconte que cette séquence qui ouvre le film a été ajoutée par Godard après qu’il l’ait terminé à la demande exprès du producteur qui n’admettait pas qu’on puisse se payer Brigitte Bardot sans la montrer à poil. Ce qui est raccord avec notre Citation-du-jour.

Bref : comme le disait Roland Barthes dans le Plaisir du texte, le lecteur est un jouisseur qui saute par-dessus les pages et les mots pour trouver l’occasion de sa jouissance. Mais qui donc a dit que c’était seulement avec des évocations du corps que ça marche ?

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