Si le mot cul est dans une phrase, le public, fût-elle
sublime, n'entendra que ce mot.
Jules
Renard Journal, 1887-1910
o-o-o
Vérifions avec cette citation :
« Les accents
sont des signes qui se placent sur certaines voyelles ou certaines consonnes
pour en indiquer la prononciation exacte. Sans accent, tous les « e »
sembleraient tomber du cul de la poule, alors qu'il y a des « é »,
des « è », des « ê »... » Érik Orsenna
Sans le « cul de la poule » qui donc se soucierait
de l’accentuation des voyelles en français ?
En même temps notons que de nos jours nous n’en sommes plus
là : il ne suffit plus, pour attirer l’attention, de dire « cul » ; il faut en plus le
montrer. Nous mêmes avions succombé à cette tendance il y a un an avec ce
« selfie-du-cul ».
Mais nous voilà blasés. Attirer l’attention en montrant son
cul, ça n’a qu’un temps. Qu’une grande star fasse cela, la répétition de cet
exploit, liée au flétrissement que les ans font subir à cette partie de l’anatomie
féminine humaine entraine le désintérêt du public – sollicité il est
vrai par d’autres culs tout neufs.
Certaines stars, qui avaient acquis une incroyable célébrité
grâce à cela, ont sombré dans l’obscurité en perdant leur beauté. Qu’on me
permette de citer le film de Jean Luc Godard, le Mépris, où Brigitte Bardot demande à Michel Piccoli : « Et
mes fesses ? Tu aimes mes fesses ? »
On raconte que cette séquence qui ouvre le film a été
ajoutée par Godard après qu’il l’ait terminé à la demande exprès du producteur
qui n’admettait pas qu’on puisse se payer Brigitte Bardot sans la montrer à
poil. Ce qui est raccord avec notre Citation-du-jour.
Bref : comme le disait Roland Barthes dans le Plaisir du texte, le lecteur est un
jouisseur qui saute par-dessus les pages et les mots pour trouver l’occasion de
sa jouissance. Mais qui donc a dit que c’était seulement avec des évocations du
corps que ça marche ?
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