Le
capitaliste affirme, sournois : « C’est le destin qui fait les pauvres »
Hilal Naji
Justification de la pauvreté I
Voilà une affirmation qui appartient aux arguments qui prétendent imposer silence aux exigences de justice sociale : la société, disent-il, ne doit rien aux pauvres, parce que chacun n’a que le destin qu’il mérite. Aider les pauvres à être moins pauvres, c’est une perte de temps et d’argent. Ils sont ce qu’ils sont parce que c’était inévitable compte tenu de leur nature, de leur psychologie etc… On peut aussi ajouter à cette liste le destin pour clore une énumération qui serait inutile : « De toute façon, disent-ils, ce n’est pas nous – les riches – qui sommes responsables de cela. »
Voilà une affirmation qui appartient aux arguments qui prétendent imposer silence aux exigences de justice sociale : la société, disent-il, ne doit rien aux pauvres, parce que chacun n’a que le destin qu’il mérite. Aider les pauvres à être moins pauvres, c’est une perte de temps et d’argent. Ils sont ce qu’ils sont parce que c’était inévitable compte tenu de leur nature, de leur psychologie etc… On peut aussi ajouter à cette liste le destin pour clore une énumération qui serait inutile : « De toute façon, disent-ils, ce n’est pas nous – les riches – qui sommes responsables de cela. »
Développons
un peu cette thèse : si ce n’est pas le capitaliste qui fait la pauvreté, alors
d’où vient-elle ? Pas de l’inégale répartition des richesses, puisqu’alors
il suffirait de révolutionner cette répartition pour que la pauvreté
disparaisse. Pas de l’exploitation du travail humain avec extorsion de la
plus-value, comme le prétendait Marx, puisqu’on prend pour hypothèse que le
capital est innocent. Non, la pauvreté est un phénomène indépendant des riches,
phénomène qui d’ailleurs est commun à ces deux classes : si c’est le
destin qui fait les pauvres, alors c’est lui aussi qui fait les riches. Le
riches, ils n’y peuvent rien : le destin s’est chargé de les rendre riches
(ou de les rendre capables de créer des richesses) – et puis c’est tout.
Alors, nous
voilà, nous les occidentaux libéraux avec un fatalisme aux saveurs
orientales ? Les classes sociales sont comme les castes aux Indes :
intouchable vous êtes né, intouchable vous vivrez – et intouchable vous
mourrez !
Bien sûr que
non : nous croyons qu’il y a forcément quelque chose à faire. Oui, même
les libéraux de l’économie l’affirment : certes les inégalités sont
inévitables, mais pas du tout parce que le destin l’impose ; c’est plutôt
parce que c’est nécessaire au bon fonctionnement
de la société. Que les riches soient riches parce qu’ils sont plus productifs,
plus en entreprenants que les autres, voilà qui est non seulement normal, mais
encore profitable à tous ! Car si vous voulez avoir une plus grosse part
du gâteau, il ne faut pas vous emparer du couteau. Il suffit de aire grossir le
gâteau.
Ainsi donc
les pauvres doivent bénir les riches : grâce à eux ils seront bientôt
toujours pauvres, certes, mais un peu moins.
Car pour
faire des profits, il ne suffit pas de produire : il faut encore
vendre !
Allez, les
pauvres : les soldes sont commencées. Dépêchez-vous !
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