La Bruyère Les
Caractères (1696), 45, V, De la société et de la conversation
« Tout est
réciproque », belle-mère et bru sont donc au moins d’accord sur une
chose : la détestation de l’autre. Petite
remarque fielleuse qui tombe juste à la fin alors qu’on ne s’y attendait
pas : In cauda venenum… (1)
Laissons de côté l’affirmation de l’amour de la même
belle-mère pour son gendre alors que selon une tradition bien établie celui-ci
la déteste (c’est pour elle qu’il a inventé les « coussins de belle-mère »).
Je n’ajouterai pas non plus de commentaire à propos de la rivalité au sein de
la famille entre mère et belle-fille : comme si c’était sa place de mère
qui venait à être prise par l’épouse de son fils. C’est un fait que de nos
jours, la modernité fait que les mères (belles ou pas) vieillissantes n’ont
guère de chance de rivaliser avec jeunes femmes qui ont épousé leur fils.
Par contre, j’aimerais revenir sur l’idée qu’en matière
d’amour ou de détestation, tout est réciproque. J’aime qui m’aime, et pas
question de savoir qui a commencé : ça marche comme ça et voilà tout.
Tout irait pour le mieux quand il s’agit d’amour :
(+)+(+)=++. Oui, mais quand on ne s’aime pas du tout : (-)+(-)= - -. C’est
l’enfer !
Le problème il est vrai n’existe que lorsque des liens
extérieurs contraignent à rester proche de ceux qu’on déteste. Ainsi des
familles, quand, avec la venue des enfants, la mère et la grand-mère se
penchent sur le même berceau. Car là, la modernité ne joue pas – ou beaucoup
moins. Quand le petit a des coliques, rien à faire : ce sont toujours les
mêmes recettes qui marchent.
Toutefois il y reste
des domaines dans les quels les jeunes mères peuvent en remontrer à leurs
ainées : c’est celui des allergies, quand on doit moduler de façon
scientifique l’introduction des aliments selon l’âge de l’enfant (pas de fruitsà coque avant « x » mois ; pas de chocolat avant…). Là est le vrai domaine de l’ukase, de l’interdit
strict, dans la quel la moindre erreur vous disqualifie à jamais.
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(1) « Se dit d’un texte ou d’un discours débutant
gentiment, ce qui relâche le lecteur, et finissant soudainement sur un ton
tranchant et méchant » (Art. Wiki.)
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