Tuesday, June 23, 2015

Citation du 24 juin 2015

La conséquence de la perfection, c'est la béatitude. Dieu est infiniment heureux, parce qu'il est infiniment parfait. Ayant donc appelé le monde à jouir de sa perfection, il a dû l'appeler aussi à jouir de sa béatitude ...
Lacordaire – Conférence de Notre-Dame, 1848
Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour.
Genèse I, 31

L’homme jouit de la béatitude par procuration : c’est Dieu qui est le seul Bienheureux, mais en  communiquant sa béatitude au monde, il la communique aussi à l’homme qui en fait partie.
- Quoique… Est-ce bien sûr ? Si la béatitude suppose l’infinie perfection alors on peut douter que le monde, création forcément inférieure au Créateur, puisse bénéficier d’un tel état.  Mais Lacordaire glisse sur le hiatus qui sépare le Dieu créateur du monde qu’il a créé.
- Mais de toute façon, qu’importe ? C’est le résultat qui compte : l’homme est au monde pour être heureux (bienheureux même), à condition quand même d’entendre l’appel de Dieu.
Et à quoi sommes nous convoqués par cet appel ? Sans doute à l’adoration de Dieu et de Son Fils, et à le supplier d’être sensible à nos prières.
En tout cas : pas de bonheur donc sans l’intercession du Tout Puissant. Nous sommes loin des approches philosophiques – par exemple Kant qui nous dit que « le bonheur est l’état dans le monde d’un être raisonnable à qui tout arrive selon son souhait et sa volonté ». Ici pas de Dieu à révérer, pas de perfection à atteindre, une simple harmonie entre ma volonté et les lois du monde. Et on trouverait chez les stoïciens exactement la même idée : « Sequi naturam » : ça suffit amplement.

Simplement ces philosophes n’ont pas été trop attentifs aux procédés permettant d’accorder notre volonté à la Nature. D’ailleurs, est-ce que ça sert à quelque chose ? C’est que les philosophes ont le recours du pessimisme : de toute façon ça finira mal ! Et puis, comment voulez-vous que les lois du monde s’accordent avec votre volonté ? Mieux vaut tâcher de façonner notre vouloir sur notre pouvoir. Du coup, l’esclave impuissant en est réduit, comme Epictète, à considérer sa vie comme un spectacle ; et l’homme libre à se rendre digne d’être heureux (Kant).

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