La
conséquence de la perfection, c'est la béatitude. Dieu est infiniment heureux,
parce qu'il est infiniment parfait. Ayant donc appelé le monde à jouir de sa
perfection, il a dû l'appeler aussi à jouir de sa béatitude ...
Lacordaire – Conférence de Notre-Dame,
1848
Dieu vit tout
ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et
il y eut un matin : ce fut le sixième jour.
Genèse I, 31
L’homme jouit
de la béatitude par procuration : c’est Dieu qui est le seul Bienheureux, mais
en communiquant sa béatitude au monde,
il la communique aussi à l’homme qui en fait partie.
- Quoique…
Est-ce bien sûr ? Si la béatitude suppose l’infinie perfection alors on
peut douter que le monde, création forcément inférieure au Créateur, puisse bénéficier
d’un tel état. Mais Lacordaire glisse sur
le hiatus qui sépare le Dieu créateur du monde qu’il a créé.
- Mais de
toute façon, qu’importe ? C’est le résultat qui compte : l’homme est
au monde pour être heureux (bienheureux même), à condition quand même d’entendre
l’appel de Dieu.
Et à quoi
sommes nous convoqués par cet appel ? Sans doute à l’adoration de Dieu et
de Son Fils, et à le supplier d’être sensible à nos prières.
En tout cas :
pas de bonheur donc sans l’intercession du Tout Puissant. Nous sommes loin des
approches philosophiques – par exemple Kant qui nous dit que « le bonheur est l’état dans le monde d’un
être raisonnable à qui tout arrive selon son souhait et sa volonté ».
Ici pas de Dieu à révérer, pas de perfection à atteindre, une simple harmonie
entre ma volonté et les lois du monde. Et on trouverait chez les stoïciens
exactement la même idée : « Sequi naturam » : ça suffit
amplement.
Simplement
ces philosophes n’ont pas été trop attentifs aux procédés permettant d’accorder
notre volonté à la Nature. D’ailleurs, est-ce que ça sert à quelque chose ?
C’est que les philosophes ont le recours du pessimisme : de toute façon ça
finira mal ! Et puis, comment voulez-vous que les lois du monde
s’accordent avec votre volonté ? Mieux vaut tâcher de façonner notre
vouloir sur notre pouvoir. Du coup, l’esclave impuissant en est réduit, comme
Epictète, à considérer sa vie comme un spectacle ; et l’homme libre à se
rendre digne d’être heureux (Kant).
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