Quand on dit ce qu'on ne devrait pas dire, on s'expose à
entendre ce qu'on ne voudrait pas entendre.
Chilon
de Sparte (l’un des sept sages)
Quand on voit ce qu'on voit, p'is qu'on entend ce qu'on
entend ... on a raison de penser ce qu'on pense !
Attribué
à Coluche
Ne nous laissons pas séduire par la forme : exigeons
aussi du fonds ! La citation attribuée à Coluche retient l’attention par
une construction bien balancée, mais elle revient à parler pour ne rien dire.
C’est même de là que vient justement son effet comique
La citation de Chiron a le même structure mais elle n’a pas
un tel effet parce qu’elle a quelque chose à nous dire, à savoir que la
conversation obéit aux règles de la bienséance. Règles qui font que, lorsqu’on connait
des choses désagréables sur quelqu’un, on les tait – du moins en sa présence – parce
que les dire serait choquant. Curieux quand même, quand on y pense : je
peux savoir que mon interlocuteur me méprise, mais tant qu’il me le dit pas en
face, je peux continuer de lui parler.
C’est un fait surprenant, mais beaucoup plus général qu’on
le croirait : d’ailleurs, qu’importe que ce jeu soit verbal, ce qui compte, c’est que,
pour vivre ensemble, il nous faille porter un masque. C’est exactement le
processus de la politesse, lorsqu’on formule des souhaits de bienvenue ou
d’adieux à la sincérité des quels personne ne croit, mais qui assure qu’on est
dans une réciprocité pacifique. Car, voilà : à dire ce qu’on ne devrait pas dire, on entre dans une nouvelle
réciprocité, celle de la discourtoisie et de la violence. Du coup, la
réciprocité n’est plus souhaitable : quand je serre la main d’un
interlocuteur, il y a bien symétrie du geste – mais si nous échangeons des
claques, la même symétrie ne donne pas le même résultat.
D’ailleurs, la poignée de main avait à l’origine pour but de
montrer à l’interlocuteur qu’on n’avait pas un poignard dans la manche. On ne
saurait mieux dire.
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