Plaignons les tourterelles, qui ne baisent qu'au printemps!
Ninon de Lenclos (1616-1706)
Aujourd’hui, 21 mars, ayons une pensée pour célébrer la venue du printemps…
Comment le faire mieux qu’avec cette pensée de la délicieuse Ninon de Lenclos, courtisane adorée, femme de lettre admirée, qui a subjugué par son salon, l’«intelligentsia» française (1). Tout ça pour dire que si vous avez des doutes sur le sens du verbe « baiser », parce que, ma foi, au XVIIème siècle, il se peut qu’on entende par là le chaste frôlement des lèvres sur la main (oui, mais les tourterelles ???), alors c’est que vous êtes un gros naïf. Point final.
Donc, les tourterelles ne baisent qu'au printemps, parce qu’elle ne le font que pour procréer. Une fois par an, c’est bien suffisant compte tenu du temps et de la fatigue occasionnés par les soins à prodiguer à la couvée. Sachant que, si vous faites des enfants, vous en prenez pour 20 à 25 ans, j’ai un conseil à vous donner : soignez bien votre partenaire, parce que vous n’êtes pas près de recommencer.
Alors, si l’homme est supérieur à l’animal, ce n’est pas (ou pas seulement) par son intelligence, sa conscience morale, son essence divine, c’est aussi parce que sa sexualité échappe aux contraintes de la reproduction (2). C’est l’occasion d’évoquer Sade, qui stigmatisait « le plat souci de la propagation de l’espèce ». Que nous dit la nature ? Des faire des enfants ? Point du tout. La nature nous a dotés de molécules furieuses, issues de nos esprits animaux ; ce sont elles qui nous poussent vers les excès de la cruauté (et donc de la sexualité), elles qui expriment notre véritable nature. Pas de nature humaine sans excès : voilà la leçon de Sade. Et comment mesurer l’excès ? Par rapport à la nature animale ? Oui, bien sûr, mais surtout c’est la gaspillage et l’indifférence aux résultats qui comptent. La nature animale veut la reproduction, parce qu’il faut transmettre et conserver nos gènes (cf. le néo-darwinisme). L’homme dissipe et gaspille, parce qu’il n’est pas modelé par la nature.
1968 : on écrivait sur les murs « Je sperme à tous vents… » (3). Façon de dire qu’on n’est pas des tourterelles…
(1) Courtisane et femme de lettre elle sut parfois combiner ses deux talents, ainsi qu’en témoigne de quatrain du grand Christian Huyghens :
Elle a cinq instruments dont je suis amoureux:
Les deux premiers, ses mains ; les deux autres, ses yeux;
Pour le plus beau de tous, le cinquième qui reste,
Il faut être fringant et leste.
Elle a cinq instruments dont je suis amoureux:
Les deux premiers, ses mains ; les deux autres, ses yeux;
Pour le plus beau de tous, le cinquième qui reste,
Il faut être fringant et leste.
…Evidemment, on peut préférer sa prose, telle que révélée dans sa correspondance avec Descartes.
(2) Nous avions déjà abordé la question le 4 mars 2006 - avec Beaumarchais, preuve que de siècle en siècle l’intérêt pour cette question s’est maintenu.
(3) Voir mon message du 21 mars 2006 (oui, le printemps de l’an dernier)
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