Thursday, March 01, 2007

Citation du 2 mars 2007

Beaucoup de gens se plaignent de l'immoralité de notre temps mais qui empêche les gens qui veulent être moraux de l'être?

Goethe

Autrement dit : pourquoi faudrait-il (mal) juger les autres, qui refusent nos valeurs, lorsqu’ils ne nous empêchent pas de vivre en conformité avec elles ? Est-il si important que les valeurs morales soient partagées ? Doivent-elles, pour être « valables », être adoptées par les autres ?

Autre manière de formuler le problème : le monde que nos contemporains fabriquent, lorsqu’il est en complète opposition avec celui que nous souhaitons, devient-il tout invivable pour nous ? On retrouve ici la problématique du misanthrope (voir citation du 8 novembre 2006) : plutôt partir dans le désert que de souffrir la compagnie des hommes d’aujourd’hui.

Ce problème n’est d’ailleurs pas si poussiéreux qu’il n’y paraît : le communautarisme n’est-il pas aussi la volonté de former une barrière entre ceux qui pratiquent une certaine forme de religion et les « Gentils » ?

Mais, si on veut rester sur le plan de la morale, on doit admettre que nous sommes passablement hypocrites : nous disons « Que chacun vive comme il l’entend. Je n’y vois pas d’inconvénient, à condition qu’on ne m’oblige pas à faire comme les autres. Mon voisin de droite est F.N., celui de gauche vote Lutte Ouvrière. Mon collègue est homo, moi je suis échangiste - mais l’amie de ma femme est bigote (Zut alors !). Voilà. »

Non : voilà pas. On ne dit pas ça de bonne foi. En réalité, on veut que nos valeurs vaillent pour l’humanité entière. On a déjà évoqué les thèses - si alambiquées soient elles - de Sartre sur la morale : les valeurs ne valent que parce que je les ai choisies, mais je dois les choisir comme si je les proposais à l’humanité entière. Ce que je retiens de cela, c’est que l’expérience de la valeur (1) est l’expérience de l’universalité. Il n’est pas vrai que les choix moraux des autres me soient indifférents : ils me confirment dans mes choix, ou ils me blessent. Et c’est pour éviter d’être blessé, qu’on en vient à les disqualifier.

(1) Valeur morale ou esthétique. Je suppose que Sartre bidouille la conception kantienne du beau, valeur subjective et universelle. Merci de commenter cette hypothèse.

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