« Préludes de la science. - Croyez-vous donc que les sciences se seraient formées et seraient devenues grandes si les magiciens, les alchimistes, les astrologues et les sorcières ne les avaient pas précédées, eux qui durent créer tout d'abord, par leurs promesses et leurs engagements trompeurs, la soif, la faim et le goût des puissances cachées et défendues ? Si l'on n'avait pas dû promettre infiniment plus qu'on ne pourra jamais tenir pour que quelque chose puisse s'accomplir dans le domaine de la connaissance ?
Nietzsche - Le Gai Savoir
1 - Il y a des puissances cachées et défendues ;
2 - elles détiennent le secret du savoir absolu.
3 - La science est l’effort humain pour s’approprier ce savoir ;
4 - cet effort est à la fois nécessaire au développement scientifique, et
5 - il promet infiniment plus qu'on ne pourra jamais tenir
D’Auguste Comte à Claude Lévi-Strauss en passant pas Nietzsche, bien des penseurs se sont efforcés d’attirer notre attention sur la continuité du développement du savoir humain. Nous avons toujours cherché l’ordre dans le chaos, et les « magiciens » de Nietzsche, les « théologiens » de Comte, les « chamans » de Lévi-Strauss n’ont fait que pousser au-delà du raisonnable les limites de notre connaissance. Leur mot d’ordre est : tout savoir, de peur de ne rien savoir.
C’est Pascal qui a le plus clairement fait la théorie de cette attitude : dans les deux infinis (1), il nous dit qu’à défaut de connaître l’infiniment petit et l’infiniment grand, nous ne pouvons prétendre avoir une science certaine de ce qui se passe à notre échelle. Traduisez : la physique des particules et celle qui se révèle par l’astrophysique comportent des lois de l’univers sans les quelles rien de ce qui se passe sous nos yeux ne pourrait être compris.
Quoique… demandez au chat de Schrödinger ce qu’il en pense…(2)
(1) Disproportion de l’homme, pensées n° 72 Lire
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