On disait à Delon, médecin mesmériste: «Eh bien! M. de B... est mort, malgré la promesse que vous aviez faite de le guérir. - Vous avez, dit-il, été absent, vous n'avez pas suivi les progrès de la cure: il est mort guéri.»
Chamfort - Maximes et Pensées
Voici ce que j’écrivais dans mon message du 13 mars 2006.
« On demandait un jour au concours d’infirmières de réfléchir à une statistique montrant qu’en 20 ans le nombre des décès à l’hôpital (comparé à celui des décès à domicile) avait augmenté dans des proportions extraordinaires. Une candidate répond : « les gens meurent d’avantage à l’hôpital qu’à leur domicile parce qu’ils sont plus nombreux à mourir malades. C’est un problème de santé publique. »
Donc, autrefois on mourait en bonne santé, et les progrès de la médecine nous ont juste permis d’attendre d’être malades pour mourir. Qu’en penserons-nous ?
Je laisserai de coté les questions si épineuses des causes de la mort naturelle : après tout je ne sais même pas si les généticiens ont résolu le problème : s’agit-il d’une déglingue accidentelle mais inéluctable, comme l’entropie dans l’Univers ? Y a-t-il un gène létal qui nous occis de façon programmée à l’avance ?
Par contre on peut se demander avec plus de pertinence s’il faut absolument mourir de maladie. N’est-ce pas le problème affronté par les cas d’euthanasie ? J’entends bien que l’euthanasie s’applique à des malades incurables, et non à des gens biens portants. Mais le problème avec la médecine moderne, c’est qu’elle peut empêcher - provisoirement, mais durablement - un tel malade de mourir. Votre cancer généralisé (voir là encore la citation du 13 mars 2006), il aurait dû vous tuer il y a longtemps, bien avant qu’il vous fasse si horriblement - et si longuement -souffrir. C’est même ce que soutenait Epicure : si tu souffres rassure-toi : ça ne va pas durer longtemps, parce que la mort mettra fin à tes tourments. Hé bien, voilà : votre cancer, vous pouvez en profiter pendant 6 mois de plus.
Six mois de souffrance en plus : profitez-en pour mériter votre paradis.
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