Wednesday, March 07, 2007

Citation du 8 mars 2007

Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont été leur partage. Ce que la force leur avait ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours à toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irréprochable ne leur résistait pas

Olympe de Gouge - Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) - Postambule

Jeudi 8 mars 2007 : Célébration de la journée internationale de la femme. Cette citation d’Olympe de Gouge n’est pas celle qu’on attendrait, et pourtant elle n’est pas un provoc - mais alors pas du tout. Pour vous en convaincre allez lire le texte (à consulter ici).

Olympe de Gouge stigmatise la perversité des femmes, réponse à la condition qui leur est faite par les hommes. Le seul moyen pour elles d’accéder au pouvoir : être maîtresses des rois et des seigneurs. Etre des esclaves qui dominent leurs maîtres parce que ceux-ci en tirent un immonde avantage. En pleine apothéose des Lumières, Olympe de Gouges en appelle à la Raison : la femme doit jouir des mêmes droits que les hommes, y compris des droits politiques. Et elle doit en jouir pour les mêmes raisons : la nature l’a dotée de la même intelligence, elle est un être raisonnable comme l’homme. Ne voir en elle que la courtisane qui doit ses privilèges à une beauté qu’elle perdra et qui sera répudiée à l’instant même est indigne des Hommes Justes qu’elle interpelle dès le préambule de sa Déclaration.

Tout le monde connaît la réponse de Robespierre : elle fut guillotinée en novembre 1793 peu après les girondins.

J’ai toujours été frappé du fait que l’émancipation des hommes, prônée et partiellement réalisée durant le XVIIIème siècle par le mouvement des lumières, ait si peu profité au femmes. Sans aller jusqu’à citer Rousseau le misogyne parfait, ni Kant, ni Diderot, ni d’Alembert n’ont jamais rien fait dans ce sens ou alors de façon très abstraite (libéraliser les moeurs). C’est que la femme est disqualifie par ces messieurs dès qu’il s’agit de rationalité : être de passion, de sensibilité elle ne peut qu’être éloignée de la raison. Plus vous valorisez la raison, plus vous dévalorisez les femmes.

C’est contre cela que s’élève Olympe de Gouge dans cette citation.

2 comments:

YCA-Archigram said...

Le choix de la citation, de l'extrait est quelque part pernicieux car il est à contrario de la DECLARATION DES DROITS DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE.
Vous jouez avec notre intelligence, à moins que ce soit une action de marketing pour capter le lecteur!

Jean-Pierre Hamel said...

Il ne faut pas avoir peur des mots : Olympe quant à elle, n'hésite pas à écrire ce texte que je cite - et non pas par "marketing", ce qui serait "quelque part" injurieux pour les éventuels lecteurs - mais parce qu'il met le doigt sur une objection qu'on fait sempiternellement aux revendications des femmes : "Vous avez depuis longtemps le pourvoir, leur dit-on, par l'empire que vous exercez sur les hommes. Ne cherchez pas à en réclamer de plus, parce que ce serait de trop".
Mais plus encore, ce commentaire a pour but de signaler le déni commis par les Lumières à l'égard des femmes, déni dont je pense qu'il n'est pas complètement dissipé aujourd'hui, et que tant qu'à faire, mieux vaut taper dessus que de réclamer ce que les Suffragetts ont obtenu depuis bien longtemps.
Ce déni est celui de la conduite raisonnable, supposée interdite par les émotions et les passions.