La politique, c'est l'art de rendre possible ce qui est nécessaire.
Jacques Chirac
Faites une petite expérience : tapez « Chirac » dans le moteur de recherche d’un dictionnaire de citation sur Internet : vous aurez une série d’âneries absolument effarante. A croire qu’on n’attend de J. Chirac que cela : des stupidités dont le cancre de la classe n’oserait pas dire le quart. Chirac : le cancre de la vie politique française ?
Moi qui ne suis pas chiraquien (fallait-il le dire ? Vous en connaissez, vous, des « chiraquiens » ? Je veux dire : aujourd’hui ?), je vais prendre sa défense avec cette citation que nos plus subtils philosophes ne rougiraient pas d’écrire. Et dont la lecture rend sensible la difficulté - de plus en plus grande - pour le citoyen à s’invertir dans la vie politique.
- « Rendre possible ce qui est nécessaire » - et non l’inverse, vous l’aurez observé - c’est établir la volonté du choix dans l’ordre des choses inévitables. Exemple : admettons que je sois contraint de travailler pour gagner ma vie ; je pourrais néanmoins prétendre que si j’avais le choix entre être oisif et travailler, je choisirais de travailler plutôt que d’être un parasite vivant du labeur des autres. Le prototype de cette situation se trouve dans le choix d’Ulysse dont on a dit un mot récemment (voir le 15 février 2007) : Ulysse doit se réincarner dans une existence dont tous ont eu le choix, sauf lui, parce qu’il est le dernier appelé à choisir. Seulement, Ulysse déclare : « si j’avais eu le choix, c’est ce destin que j’aurais choisi. »
Gouverner c’est choisir disait Mendès-France ; mais là où il n’y a pas de marge de manœuvre, l’acte politique passe par une autre alternative. Ou bien vous dites comme Ulysse que ce que vous êtes contraint de faire coïncide avec vos valeurs, que vous vous reconnaissez dans ce que vous allez faire ; ou bien vous dites que cette situation fait de vous un héros tragique, condamné à périr en résistant - comme Antigone - ou à survivre révolté dans une existence absurde - comme le Sisyphe de Camus.
- « La politique, c'est l'art de… ».. Nous avions négligé le début de la citation : c’est que nous avions gardé le meilleur pour la fin. La politique, c'est l'art de faire accepter l’inévitable comme un choix que le citoyen raisonnable doit faire à moins de n’être qu’un irresponsable. La retraite à 65 ans : vous êtes libre de la refuser ; mais dites alors ce que vous voulez ? Endetter le pays pour que vos descendants jusqu’à la 3ème génération remboursent vos égarements en maudissant votre souvenir ? Vous êtes libres : choisissez. C’est vous le citoyen ; c’est vous qui êtes responsable. Ce qui veut dire que l’homme politique non seulement vous fait croire que sa gestion est encore de la politique, mais de plus que vous l’avez choisi pour ça.
Jacques Chirac est plus du côté de Machiavel que de Mendès-France.
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