Quand j'ai été kidnappé, mes parents ont réagi très vite; ils ont loué ma chambre.
(When I was kidnapped my parents snapped into action; they rented out my room.)
Woody Allen,
Cette citation pour dire qu’on peut rire de tout. Quoi de moins risible que le kidnapping ? C’est au mieux de mauvais goût, plus sûrement odieux.
Que fait Woody Allen ?
D’abord il parle à la première personne : il a donc le droit de rire de lui-même. De plus comme il parle de lui-même, c’est qu’il en est sorti vivant.
Mais il ne décharge pas trop la situation de son caractère tragique : on peut supposer si que les parents ont renoncé à retrouver leur enfant, c’est qu’il a disparu pour de bon. Ils sont donc eux aussi victimes ; du moins ils devraient l'être
Seulement ce sont eux qui sont monstrueux, eux qui ne voient dans l’enlèvement de leur enfant que l’avantage qu’il a pour eux. Du coup on oublie les kidnappeurs. Pour un peu, ils auraient rendu service, comme dans je ne sais plus quel film-comédie où ils ne parviennent ni à obtenir une rançon, ni à supporter le gamin turbulent. La situation a changé : il n'y aurait à la limite plus de victime autre que les criminels eux mêmes.
Voilà donc l’équilibre à respecter pour rire d’une situation tragique : la déformer pour qu’elle soit moins tragique en grossissant le trait pour qu’ils soit moins réaliste; ensuite y mettre des personnages odieux en guise de victimes.
Mais il faut que ça reste un petit peu choquant ; il s’agit quand même d’un rire de transgression.
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