Les richesses sont un tort que l'on a à réparer, et l'on pourrait dire : "Excusez-moi si je suis riche!"
Montesquieu, 1689-1755, Mes pensées.
Voilà une citation un peu plate en apparence, surtout venant d’un penseur de la puissance de Montesquieu, mais en fait plus féconde qu’il n’y paraît au premier regard.
L’idée, c’est que les riches font du tort au pauvre. Banal. Mais quel tort ?
- De redoubler leur malheur en exhibant les richesses qu’ils pourraient avoir et dont ils n’auraient même pas l’idée sans cela ? Sans doute.
- De ne pas songer à leur faire l’aumône quant ils les rencontrent, ou bien de le faire parcimonieusement, juste de quoi perpétuer leur misérable existence ? Pourquoi pas.
- De jouir avec orgueil de leur privilège de riche en se pavanant dans des fêtes de charités qui seraient alors faites plus pour eux que pour ces malheureux ?
- De ne posséder comme richesse que les ressources dont ils ont dépouillé les pauvres, en sorte que chaque riche fait dix pauvres ? Voilà plutôt l’idée je ne dis pas seulement être de Montesquieu mais aussi des penseurs de l’égalité, tel Rousseau : l’inégalité n’est pas naturelle, les riches et les pauvres sont les partenaires d’un jeu ignoble, les uns comme gagnants les autres comme perdants. Toute cette tradition va se perpétuer, jusqu’au slogan du P.C. qui dans les années 80 (?) était : « Faites payer les riches ».
Il ne suffit donc plus de dire « Oh ! Excusez-moi. »
No comments:
Post a Comment