Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger
Terence - Le bourreau de soi-même (début de l'acte I)
Voilà, c’est évident, comme le loup comprend le hurlement du loup, les hommes se comprennent aussi entre eux. Et s'ils se comprennent, c'est évidemment qu'ils ont ce quelque chose en commun : comme on dit "le semblable connaît le semblable".
Mais du coup ça devient très gênant. Car si on y pense un peu, on voit bien que nous sommes contraints à nous retrouver nous mêmes dans tout ce que les hommes ont fait, dans ce qu’ils font et dans ce qu’ils feront. Et nous voilà obligés de dire : « je ne suis pas étranger aux camps de la mort, à l’esclavage, aux viols et autres abominations commises par les hommes, mes semblables. »
Pour m’en sortir, je peux évidemment refuser l’humanité à ces bourreaux : ce sont des monstres, des bêtes féroces, les détruire est un devoir.
Du coup je vais limiter l’humain à ce qui relève des créations de son génie, non pas à ses basses oeuvres mais à ses plus hautes. C’est ainsi que Hegel appliquait cette devise à l’art qui aurait selon lui pour rôle de révéler les richesses qui se cachent dans l’esprit humain
Facile. Trop facile. Je préfère Hannah Arendt : dans son « reportage » Eichmann à Jérusalem, elle évoque la banalité du mal. Je ne veux pas parler de la complicité des victimes avec leurs bourreaux. Je veux dire que les bourreaux sont aussi parmi nous, que nous mêmes aurions pu l’être si les circonstances nous y avaient portés, à supposer que nous n’ayons pas eu la force de lutter contre elles. On sait ce qui s’est passé pendant la guerre d’Algérie.
Rien de ce qui m’est humain ne m’est étranger, mais tout ce qui est humain ne doit pas être assumé pour autant.
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