Aussi loin qu’on remonte en arrière à des états antérieurs, on ne trouvera jamais dans ces états la raison complète, pour la quelle il existe un monde et qui est tel.
Leibniz – De la production originelle des choses prise à sa racine. (Traduction Schrecker, p. 83)
La métaphysique et la science sont depuis l’origine séparées par ce clivage : l’une pose la question de l’origine absolue, cause première – l’inconditionné ; l’autre pose la question de l’enchaînement des phénomènes dans le temps – le conditionné.
Qu’il y ait du conditionné sans condition première ; autrement dit qu’il y ait un univers sans créateur (une horloge sans horloger aurait dit Voltaire), voilà ce qui choque la raison humaine, et depuis Kant on est résigné à admettre que le refus de cette opposition fasse partie de la nature humaine.
Résigné parce qu’on sait qu’on ne parviendra jamais à répondre scientifiquement à la question : « Pourquoi y a-t-il un univers plutôt que rien du tout ? »
Résigné… pas tout à fait.
On commence ces jours-ci à mettre en service l’accélérateur de protons qui se situe à la frontière franco-suisse (le L.H.C.). Or, voilà que dans leur programme de recherche, les scientifiques, à côté de la mise en évidence de particules aux noms plus ou moins exotiques, vont essayer de savoir pour quoi l’univers existe encore.
En effet, lors du Big Bang, on admet que sont apparues autant d’anti-matière que de matière: dès lors l’univers était condamné à disparaître à peine né, puisque matière et anti-matière ne font pas bon ménage. Or, voilà que la matière s’est « imposée » : d’où vient cette dissymétrie ? Pourquoi y a-t-il un univers plutôt que pas d’univers du tout ?
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