Nous avons eu Dieu, la raison, la nation, le progrès, le prolétariat. Il fallait aux sauveteurs un radeau de sauvetage. Voilà donc, pour les aventuriers de l'Arche Perdue, les droits de l'homme comme progressisme de substitution.
Régis Debray - Que vive la République
Tiens ? Voilà les aventuriers de l’Arche perdue de retour ? C’est l’effet Festival de Cannes sans doute…
Les droits de l'homme progressisme de substitution. Que ceux qui se frottent les yeux en se demandant s’ils ont bien lu ne s’étonnent plus et qu’ils sachent (ou qu’ils se rappellent) qu’en Mai-68, les droits de l’homme et la démocratie avaient très mauvaise presse :
- que la dictature du prolétariat, était évidemment revendiquée comme un progrès,
- que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen était impitoyablement dénoncée comme idéologie bourgeoise.
Bon. Mais c’est vrai que Régis Debray met justement le prolétariat sur le même rang que Dieu ou les Droits de l’homme et que – surtout – son ouvrage date de 1989.
Ce qu’il réclame, c’est le renouveau de l’esprit républicain. Puisqu’un peuple n’existe que par l’unanimité d’un projet, et que cette unanimité ne peut naître que du débat, alors les principes des Droits de l’Homme sont totalement insuffisants. Pour Régis Debray on ne va pas réunir politiquement le peuple autour d’un idéal pareil, les Droit de l’homme ne seront pas une Nouvelle Alliance (et revoici l’Arche perdue !).
Alors, depuis 20 ans qu’avons-nous inventé pour progresser vers la République ? En quoi sommes nous un peuple plus républicains aujourd’hui ? Debray critiquait à l’époque les médias (c’est sa période médiologiste), comme ce qui asphyxie le débat. Bien : nous avons trouvé la démocratie participative.
Alors ça fait un peuple, la démocratie participative ?
Nous autres philosophes, quand nous entendons le mot « participation » nous pensons « Platon ». A quoi participons nous par cette forme de démocratie ? A quelle Idée, à quelle Essence commune parvenons-nous ?
Je n’ironiserai pas sur le niveau des revendications qui se font jour dans de tels cas. Mais je soulignerai que la démocratie participative n'a trouvé rien d'autre pour faire un projet politique que la compassion. C'est donc, comme nous le disions le 2 mars, c’est le pleurer-ensemble qui sera le socle de notre peuple.
Même Rousseau - qui pleure beaucoup - n’avait pas pensé à ça !
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