La mesure d'aimer Dieu, c'est Dieu même ; la mesure de cet amour, c'est de l'aimer sans mesure.
Saint Augustin –
Sermon (1)
La haute autorité de la Blogosphère ayant émis un avis défavorable à la
publication de mon commentaire de saint Augustin du 12 août, en voici une
nouvelle version
Commentaire II
Aimer sans mesure…
Même si saint Augustin n’a pas écrit exactement ceci, nous ne pouvons nous en
détacher : l’amour est sans limites, et rien ne serait plus contraire à sa
nature que de dire : J’aimerai jusque-là, mais pas au-delà. Comme le dit
la chanson : J´irais décrocher la
lune / J´irais voler la fortune / Si tu me le demandais etc…
Je vais donc retoucher mes propos censurés hier :
l’amour pour Dieu n’est rien d’autre que le modèle de l’amour en général. Aucun
amour, ni celui-ci, ni celui-là, ni aucun autre ne peut avoir la moindre
mesure, et ce n’est pas commettre une profanation que de l’affirmer.
Pourquoi faut-il proportionner l’amour au degré de
perfection de l’être aimé ? Faut-il qu’il y ait réflexion dans
l’amour ? Faut-il instituer une justice – voire une police – du degré
amoureux ?
Réciproquement, pourrait-on se plaindre de ne pas être
aimé à hauteur de notre mérite ? Aristote disait que l’amour devrait être
proportionné à l’avantage que chacun apporte à celui qui l’aime : ainsi le
fils devrait aimer son père d’avantage que celui-ci aime son fils. Bizarre
n’est-ce pas ?
En outre : cela signifierait qu’il y a un droit à être
aimé ? Que l’on devrait tenir compte du mérite de l’être aimé pour lui
octroyer son amour ? J’aimerai Dieu infiniment parce qu’il est infini,
mais j’aimerai cette femme-là beaucoup moins parce que ce n’est pas une
déesse ? Mais on sait bien que ça ne se passe pas comme ça : l’amour,
comme coup de foudre, est sidération, sans aucun recul, ni aucune réflexion,
aucune délibération.
Alors, n’y a-t-il aucune différence dans l’adoration de
Dieu et l’amour humain (charnel – ou pas) ?
Si fait : il y a la durée.
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