Monday, August 18, 2014

Citation du 19 août 2014



- On a dit aux allemands : « En avant, pour la guerre fraîche et joyeuse ! Nach Paris et Dieu avec nous, pour la plus grande Allemagne »
 - On a dit aux français « On nous attaque. C'est la guerre du Droit et de la Revanche. A Berlin ! »
- Vingt millions, tous de bonne foi, tous d'accord avec Dieu et leur Prince... Vingt millions d'imbéciles... Comme moi !
Gabriel Chevallier – La Peur (août 14)
 Oui, en août 14 on croit à une guerre « fraiche et joyeuse », où deux armées se précipitent l’une contre l’autre en clamant leur fureur guerrière. Une attaque digne des charges napoléoniennes, où le soldat qui tombe est lancé dans une course folle à la mort.
On croit à l’héroïsme, à la furia francese (1), on croit que la guerre est faite de batailles rangées, un peu comme au Moyen-âge, lorsque deux armées se ruaient l’une sur l’autre, partant chacune  d’un bout du champ de bataille.

Oui, mais voilà : dès septembre 1914, après la bataille de la Marne, les armées s’enterrent, et commence alors cette guerre de tranchées sous les obus, les gaz asphyxiants, les balles. Le soldat devient de la chair à canon qui tente de survivre dans sa tranchée jusqu’à ce qu’il reçoive l’ordre d’escalader le parapet pour présenter sa poitrine à  la mitraille.
L’horreur de la guerre tint aussi au fait qu’on a dû  renoncer à l’héroïsme. On a dû admettre que le seul sentiment du soldat fut la peur, parce que sa seule mission fut de tenir la tranchée sous la pluie d’acier que l’ennemi faisait tomber sur lui.
Chevallier raconte (cf. ici) que son livre « La peur » parut en 1930, mais qu’il fut retiré de la vente en 1939. Il explique : « Quand la guerre est là, ce n'est plus le moment d'avertir les gens qu'il s'agit d'une sinistre aventure aux conséquences imprévisibles. Il fallait le comprendre avant et agir en conséquence ».
Bref : il s’agit d’avoir peur de la guerre avant.
Oui, mais : les français dans les années 30 eurent peur de la guerre « avant ». Seulement la peur ne guérit pas du danger, comme on dit.
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(1) Qualificatif admiratif donné par les italiens aux soldats de Charles VII à la bataille de Fornoue. C’était le 6 juillet … 1495 !

1 comment:

Poilu said...

« J’ai vu de beaux spectacles !
D'abord les tranchées de Boches
défoncées par notre artillerie
malgré le ciment et les
centaines de sacs de terre
empilés les uns au-dessus des
autres ; ça c'est intéressant.
Mais ce qui l’est moins, ce sont
les cadavres à moitié enterrés
montrant, qui un pied, qui une
tête ; d'autres, enterrés, sont
découverts en creusant les
boyaux. Que c’est intéressant la
guerre ! On peut être fier de la
civilisation ! »