Tuesday, August 26, 2014

Citation du 26 août 2014

En toute chose on est plus ardent à la poursuite qu’à la jouissance.
William Shakespeare – Le marchand de Venise


Pascal reprendra cette pensée avec le Divertissement, ce besoin de nous détourner (divertere) de nous-mêmes et de nos défauts en nous absorbant dans des occupations extérieures, comme celle de la chasse qu’il prend comme un exemple notoire – exemple que Shakespeare semble bien faire le sien.
Pour nous, bien sûr, le 18ème siècle et ses Casanova, ses Don Juan etc. est passé par là : le séducteur lui aussi, aime plus la poursuite que la jouissance. Et même si il ne crache pas sur la jouissance, on peut dire avec Kierkegaard que celle-ci n’est que la preuve irréfutable que la prise a été faite.
Au fond la question est : est-ce que Shakespeare nous livre une clé pour comprendre le temps que nous passons à faire des choses très compliquée – et qui ne servent à rien ?
Enumérons :
- Passer notre temps à des jeux qui durent la nuit entière pour conquérir un monde imaginaire contre des ennemis bizarres.
- Machiner des intrigues au sein de l’entreprise pour arriver à des bénéfices si maigres que le percepteur aura tôt fait de les confisquer.
- Trouver l’amour de notre vie et faire avec elle (ou lui) une nichée de bébés-roses qui blanchiront nos nuits avant de blanchir nos tempes.
Houlà ! Quel sacrilège ! Faire de la construction d’une vie, de l’élaboration d’une famille un simple moyen d’oublier notre vacuité ! Et en plus, dire que ça ne sert à rien ! Qui peut prétendre une telle chose, à moins d’être un incurable pessimiste comme Schopenhauer ?
Quoique… Quand Shakespeare nous dit que la jouissance – donc la possession – du bien poursuivi nous est moins agréable que sa poursuite, peut-être pense-t-il que, ce que nous attrapons, n’est pas exactement ce que nous avons poursuivi.

--> Nous avons poursuivi une Sylphide :



... et nous avons attrapé une mère de famille avec une flopée de lardons.

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